« On croyait avoir vu le pire, on avait tort. »

Si le premier film Resident Evil n’a pas fait l’unanimité critique, il a rapporté 3 fois plus que son budget et puisqu’il était clairement indiqué à sa fin qu’une suite verrait le jour si la possibilité se présentait, Resident Evil Apocalypse arrive donc en toute logique 2 ans plus tard sous la forme d’une suite directe. Le Virus-T a atteint et ravagé la grande ville de Racoon City, premier centre urbain frappé par les zombis, l’occasion de développer l’histoire d’Alice dans un environnement proche des jeux vidéo Resident Evil 2 et Resident Evil 3.


Le film s’ouvre tout d’abord sur un petit résumé du précédent opus, histoire de bien rappeler que le scénario était assez faiblard et le personnage d’Alice sans la moindre profondeur puis comment que ça se fait que l’infection s’est répandue alors qu’elle était contenue dans le hive. La réponse c’est qu’Umbrella a ouvert la porte en connaissant la menace qui les y attendait, un appareil détecte le niveau du virus-T spécifiquement, sans sérieusement s’y préparer en dépit de leur force armée théorique. Le seul avantage que je peux y voir c’est que je trouve que l’intro du premier film était très cohérente en comparaison de cette facilité scénaristique déconcertante.


Puis on enchaîne sur le personnage de Jill Valentine, premier personnage issu des jeux vidéos à l’écran, peut-être enfin le premier bon point du film ! Alors Sienna Guillory pour l’incarner j’acquiesce, parce que bien qu’elle n’ait pas eu droit à une carrière très renommée je n’ai aucun soucis avec son jeu d’actrice. Le coslpay de RE 3 j’acquiesce, parce qu’il est à la fois réussi en soi et pertinent à ce moment de la chronologie. Ses dialogues j’acquiesce, parce que le personnage est davantage celui du jeu Resident Evil 3 que du premier, donc plus combative, sûre d’elle...


En fait, ce personnage est plutôt réussi, beaucoup trop sous-exploité mais réussi. Par sous-exploité, j’entends qu’elle est plus là pour faire la badass remplaçante de Michelle Rodriguez plutôt que d’être développée de façon intéressante et originale, et c’est un peu dommage. Et elle est également introduite de façon un peu trop facile puisqu’elle semble bien connaître les zombis alors que rien n’explique dans la saga au cinéma cet état de fait. Sinon, à noter qu’il y a un manque de fidélité qui se retrouve dans les personnages de Carlos et de Nicholaï, également issu des jeux, plus secondaires mais c’est un peu étrange tout de même vu le soin accordé à Jill.


Bizarrement, je trouve la journaliste et le flic pas trop mal comme personnages secondaires mais leurs fins respectives sont très mal amenées, par contre L.J est quant à lui complètement raté, quasiment jamais drôle alors que ne servant qu’à ça et lui il s’en sort, incompréhensible. Il fait une référence à GTA hors-sujet en gueulant 10 points ! après avoir écrasé un piéton, il aurait dit Carmageddon ça aurait pu le faire d’autant que selon les versions on écrase des zombis ou des humains mais à ce genre de détail on comprend que les scénaristes n’y connaissent rien en jeux vidéo et se contentent de balancer des références gratuitement, sans intérêt.


Enfin bon, ça ce n’est pas bien grave,le plus dommageable dans tout ça c’est quand même que le film multiplie les raccourcis scénaristiques et les incohérences pour faire avancer son intrigue pas bien compliquée : la gamine Ashford se retrouve piégée dans la ville à cause d’un accident de voiture stupide, la ville est confinée laissant la certitude qu’aucun infecté n’est passé en 11 heures, le major Cain comprend qu’Ashford communique dans son dos sans qu’on ne sache comment, on a le cliché des personnages qui se séparent sans aucune raison valable, Alice qui se retrouve avec une clope au bec quand on a besoin de feu alors que jusque là elle paraissait non fumeuse...


Mais bien sûr, le pire c’est justement Alice qui revient en super-héroïne sans aucune vraie raison, ce qui est complètement inutile, prétexte à des scènes d’action ridicules, et le personnage passe encore une fois à côté de l’occasion de gagner en profondeur sur le fait qu’elle ne sente plus humain par exemple, c’est ici foiré. Il manque un antagoniste décisionnaire et relevant un peu les enjeux en face, le major Cain n’ayant ni le look, ni la profondeur, ni le charisme pour l’incarner, même si j’ai bien aimé le petit trait d’ironie sur sa fin.


Dans ma critique du premier film Resident Evil, j’avais émis un petit scénario alternatif dans lequel Alice se révélerait être l’antagoniste du film. J’aurais bien vu celle-ci occuper donc ce rôle pour ce film avec Jill en protagoniste plus développée s’opposant à elle, ça aurait résolu le problème de l’antagoniste principal transparent et du manque de développement de Jill. Enfin, je ne suis pas scénariste, simplement critique amateur parmi tant d’autres à analyser en profondeur un film dont tout le monde se fout un peu parce que c’est une mauvaise adaptation de jeu, elle aussi parmi d’autres, qu’est-ce que j’y connais du coup ?


Évidemment, il y a le Némesis qui sauve un peu le truc, son réveil est assez classe, le design est assez fidèle au jeu, il paraît effectivement increvable et très dangereux, ses scènes d’action respectent la lenteur du personnage... par contre le retournement de situation sur son identité est sans effet puisque spoilé inutilement dans le premier film (qui mentionnait directement le projet Némésis pour ce personnage), c’est regrettable parce qu’en dehors de ça c’était presque parfait et ça aurait pu suffire à sauver le film s’il avait été plus développé que ça.


Comme pour le premier film une thématique sous-jacente intéressante est posée avec les origines du virus d’abord à la finalité médicale avant d’être converti en arme, ce qui aurait pu aborder la nature de la science comme un outil qui peut causer autant de bien que de mal mais ça évidemment le film l’évoque à peine, il manquerait plus que le film soit intellectuel ! C’était pourtant une petite promesse sous-jacente d’un trailer particulièrement cynique paru avant la sortie du film avec une fausse publicité d’un produit d’anti-vieillissement transformant en zombi, une bonne idée.


Sinon, quelques références subtiles aux jeux s’y glissent : un zombi s’approche d’un casque de flic qui permet de voir son reflet comme dans l’intro de Resident Evil 3, les rues de Racoon City en flammes rappellent celles des décors des jeux, l’hélico mitraille l’héroïne avec la mise en scène de l’intro de Code Veronica… mais ça ne suffit pas à en faire une bonne adaptation entre le personnage de Jill sous-exploité, les persos de Carlos et de Nikolaï foirés, le discours sur les jeux vidéo simplement commercial...


Autant, j’arrivais à trouver suffisamment de points positifs au premier film pour lui accorder la moyenne, autant là je ne peux pas vu toutes ses erreurs d’écriture et la sous-exploitation de ses bons éléments, même si c’est pas encore le navet absolu en ce qui me concerne, et inutile de préciser que le film en plus d’être très moyen voire mauvais comme film d’action ne fait peur à aucun moment, c’est triste mais ça sonnait comme une évidence. Mais ne désespérez pas, Extinction arrive pour enfin renouveler le niveau.

damon8671
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le 25 juil. 2016

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damon8671

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