Dualités autour d'un être singulier au destin exceptionnel

-Marque ou créateur. Yves Saint Laurent,perpétuel angoissé perfectionniste s'est posé ce cas de conscience toute son existence à en croire le point de vue observé par le biopic de Bertrand Bonello. Il paraît sonné tellement juste, à voir cet homme trentenaire où à l'hiver de sa vie, se dissoudre face à son identité duelle.
- Compagnon protecteur ou homme d'affaires avisé. Telle est l'état entre lequel Pierre Bergé oscille irrésistiblement dans sa vie avec Yves Saint Laurent. Une image,juste, sans concessions qui a fait que l'intéressé encore en vie n'a pas adhéré au biopic forcément dérangeant du réalisateur.
-Sexe ou luxure. Entre sa passion pour Pierre Bergé et son désir indomptable pour son amant Jacques, Yves Saint Laurent à là encore choisi la démesure en ne voulant pas choisir. Il en résulte des scènes "limite" car le deuxième homme de Saint Laurent apparaît comme un frère de débauche charnelle grâce aux stupéfiants.
- Art ou caprices. Dans une certaine quête d'esthétisme absolu, l'intellectuel flamboyant qu'était Yves Saint Laurent, avait un échange fourni avec Andy Warhol, qui lui fit don d'oeuvres uniques, s'entourait de sculptures ou de tableaux de maître.Cependant des scènes du film nous montrent un Saint Laurent collectionneur dont la quête solitaire et obsessionnelle de l'objet provoque un certain vertige où l'esthète fait place au capricieux enfant gâté. Une certaine façon également aussi de remplir l'ennui,la superficialité et l'inconsistance qui le ronge.
Au delà du point de vue trés vaste défendu par Bertrand Bonello, le casting du film est impeccable. Cette brochette d'acteurs reconnus incarne sans vouloir singer Yves Saint Laurent ou sa garde rapprochée. Ce qui m'a plu également, c'est le choix de faire des allers venus entre 1967 et 1977, décennie autour de laquelle s'articule le film. Une façon de comprendre Yves Saint Laurent à travers des moments clés de sa vie ( un défilé,une rencontre,un débordement). Seul petit bémol: la durée du film qui prend son temps pour exposer l'illustre couturier. Certaines longueurs parfois ou des éllipses auraient été préférables. Globalement, un trés bon moment de cinéma car ce biopic ne tombe nullement dans un travers malheureusement constaté: la complaisance.
Specliseur
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le 5 oct. 2014

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