Les crevettes bruitophobes de l'espace

En fait, y a pas grand chose à raconter sur ce film, mais je vais quand même m'écouter parler pour donner mon avis.

Le synopsis tient dans la phrase de résumé «ça parle de quoi», inutile d'en dire plus, sous risque de défleurer le film. Vous l'avez tous lu, inutile que je répète qu'il s'agit d'une famille survivante, dans une ambiance de fin du monde, où une proportion inconnue de l'humanité a déjà été exterminée par des monstres qui sont attirés par les bruits au-dessus d'un certain niveau sonore et vous couic sans pitié.
L'enjeu de la survie est donc d'apprendre à organiser sa vie quotidienne avec le moins de bruits possibles, tout juste de gentils bruitounets, du genre pet de souris anorexique. Pas plus.

Y a le papa, sorte d'ingénieur ou d'ingénieux, qui a dû mettre des panneaux solaires partout, pratique pour la fin du monde, bien qu'on ne les voient à aucun moment dans le film, mais on s'en fiche. Il a aussi trouvé pas mal de moyens pour étouffer les bruits. Je ne sais pas comment ils font pour ne jamais avoir le hoquet, un rototo, une quinte de toux, ou un pet coincé, c'est vrai ça, des fois, tu te baisses, ça sort tout seul.

Le traître.

Le plus ridicule dans le film ayant été de les voir courir à toute berzingue et sans bruits, comme en apesanteur, avec des coussinets d'air sous les pieds. Mais passées quelques invraisemblances qu'on est bien obligés d'accepter comme plausibles, étant donné qu'on ne pourrait pas raconter cette histoire sans (Ils courraient au ralenti? Ils resteraient tous comme des statues de sel?), en partant du résumé en une phrase dont je parlais tout à l'heure, et qui suffit amplement à camper l'histoire.

Cette histoire de monstres bruitophobes (phonophobes en bon français) est assez surprenante, on se demande si c'était une métaphore, ce serait une métaphore de quoi exactement, mais pendant une bonne partie du film, je me suis entendue penser: Bof, c'est artificiel, ils ont dû trouver l'idée en se demandant comment faire un film silencieux où le moindre bruit nous fait dresser les cheveux sur la tête. Je ne rentrerai pas dans ce film pour la peine!

Erreur. C'est pas ça du tout en réalité, ce ne sont pas les bruits qui nous angoisses, il y a un vrai suspens, la tension naît des situations.

Ce n'est certes pas du tout un film d'horreur, je ne sais pas par quels mystères il n'est pas seulement classé thriller, les monstres ne sont pas effrayants, depuis qu'on a tous vu Alien.

Je parie que pas mal de gens vont dire je mets une sale note parce qu'il y a des trucs mêmes pas possibles quand on y a réfléchit bien, et parce que les monstres font même pas peur, c'est pas un film d'horreur. Je n'aime que les films d'horreur, donc je mets une sale note.

J'ai même pas lu les commentaires négatifs ici, mais je parie mon dentier qu'on va trouver ce genre de logique. C'est un peu la faute de ceux qui mettent des étiquettes aux films, mais comme je ne suis même pas sûre qu'il les visionne, on ne peut pas leur en vouloir tant que ça.

Pour les films d'angoisse, inutile de tergiverser pendant des heures, et de batailler, soit la mayonnaise prend sur un spectateur en particulier, soit elle tombe à plat en faisant un lamentable pschiiiiiiiiittt mouillé.
Il y a beaucoup de films dont on m'a dit: tu verras, suspens et angoisse au rendez-vous, et où je me suis gondolée comme une bossue pendant les 3/4 du film à chaque fois qu'une main se pose sur une épaule. Même pas peur.

Soit la mayonnaise prend, soit elle ne prend, ça ne s'explique pas. Soit on voit les grosses ficelles du suspens, car il y a toujours, soit on les trouve suffisamment subtiles, et la tension s'installe.

Là, elle prend.