Une petite comédie policière d'après-guerre, dont la principale originalité réside dans le choix d'un décor original : celui d'une maison de couture parisienne.
Cet univers atypique demeure méconnu du grand public qui fréquente les salles obscures (surtout à l'époque), et si l'on n'évite pas toujours la caricature, le milieu de la mode semble plutôt bien retranscrit dans le film de Roger Blanc.


On assite ainsi au fonctionnement singulier de ce gynécée, entre rivalités et solidarité féminine, tandis que les petites mains des couturières s'agitent autour des mannequins pour corriger un minuscule détail sur leur toilettes.
Celles-ci sont dessinées par Jacques Fath, un couturier célèbre à l'époque, même s'il ne connaîtra pas la notoriété d'un Balenciaga, d'un Dior ou d'un Balmain.
Jacques Fath est également comédien dans le film, puisqu'il incarne le jeune styliste à l'allure efféminée, en conflit ouvert avec le grand couturier qui a créé la maison des années auparavant (campé par Pierre Renoir).


Dans ce contexte d'incertitudes autour de la nouvelle collection, deux mannequins sont assassinées à quelques jours d'intervalle.
Entre fausses pistes et vrais indices, l'enquête des policiers les mènera notamment dans le milieu du music-hall, encore un univers dédié au spectacle, à l'artifice et aux apparences...


Comme son nom l'indique, "Scandale aux Champs-Elysées" est donc un pur divertissement, aussi léger qu'une bulle de champagne.
Dommage que l'humour se révèle parfois lourdingue, autour de comédiens cabots au jeu très théâtral, à l'image de l'inénarrable Gabriello et sa diction bégayante, ou de Guy Demomble qu'on a déjà connu plus sobre.
Ces deux personnages "comiques" de flics dépassés par les évènements s'intègrent assez mal au récit policier, par ailleurs plutôt bien ficelé ; on sent que le réalisateur semble partagé sur la tonalité à privilégier, entre farce rigolarde et polar plus angoissant.


Qu'importe, malgré cet aspect bancal, "Scandale aux Champs-Elysées" reste une comédie policière assez sympathique, et un témoignage intéressant sur le Paris frivole de ces années d'après-guerre, peuplé de jolies filles court-vêtues aux longues jambes (à l'image de l'accorte Françoise Christophe).

Val_Cancun
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleures comédies policières et Whodunit au cinéma

Créée

le 23 oct. 2020

Critique lue 214 fois

7 j'aime

3 commentaires

Val_Cancun

Écrit par

Critique lue 214 fois

7
3

D'autres avis sur Scandale aux Champs-Élysées

Scandale aux Champs-Élysées
estonius
9

le commissaire patauge dans la choucroute

Une bonne surprise et une façon de raconter qui surprend agréablement. Ce n'est pas tous les jours que l'on voit un commissaire de police patauger dans la choucroute et son adjoint perdre...

le 10 déc. 2018

1 j'aime

Du même critique

Baby Driver
Val_Cancun
4

L'impossible Monsieur Baby

Cette fois, plus de doute, le cinéma d'Edgar Wright, quelles que soient ses qualités objectives, n'est définitivement pas pour moi. D'ailleurs je le pressentais déjà fortement (seul "Hot Fuzz"...

le 20 juil. 2017

60 j'aime

15

Faites entrer l'accusé
Val_Cancun
9

Le nouveau détective

Le magazine haut de gamme des faits divers français, qui contrairement aux (nombreux) ersatz sur la TNT, propose toujours des enquêtes sérieuses, très documentées, sachant intriguer sans tomber dans...

le 2 avr. 2015

49 j'aime

11

Bullet Train
Val_Cancun
4

Compartiment tueurs

C'est le genre de film qui me file un méchant coup de vieux : c'est bruyant, bavard, ça se veut drôle et décalé mais perso ça m'a laissé complètement froid, tant les personnages apparaissent...

le 4 août 2022

46 j'aime

17