L’ange de la mort, à nouveau plongé dans les ténèbres

Alors que Scream 3 avait laissé la saga dans un état assez moyen, Wes Craven la relance et la conclue à la fin de sa carrière, soit plus de 10 ans après les dernières tueries de Ghostface. Un temps aussi long laisse à supposer que s’il y revient c’est qu’il a des idées et rien que pour l’aspect conclusif de la saga comme de la filmographie du cinéaste j’avais envie de voir ce Scream 4 malgré la déception que furent les suites à Scream 1. Histoire de vous mettre dans l’ambiance je vous propose pendant la lecture de cette critique l’écoute de Don’t Mess with the Original, que j’aime ne serait-ce que pour ce titre.


L’introduction rassure en renouant à plein régime avec les qualités habituelles de la saga, le paquet est mis sur l’aspect introspectif et c’est super bien fait. Mon introspection préférée, parmi toutes celles qui sont balancées, c’est celle vis-à-vis de ce que je suis en train de faire en ce moment-même, se livrer à l’exercice de décortiquer un film d’horreur pour en relever les incohérences, les clichés, les imperfections... et j’adore la réplique où l’une dit « tu réfléchis trop, » l’autre répond « et le scénariste pas assez. » En dehors de ça, l’intro arrive à la fois à jouer avec une mise en scène amusante, recherchée, fan-service et flippante, il n’y a rien à redire.


C’est malheureusement pas le cas de l’ensemble du film mais je vais y revenir ici et là. On a des personnages inédits réellement intéressants et attachants auxquels il peut arriver de mourir, pour ne pas revenir à la vie par miracle, ce qui est très appréciable, surtout quand ils sont campés par de très bons acteurs méconnus (Hayden PANETIERRE pour Kirby) ou sous-estimés (Mary McDONNELL pour la mère de Jill). On a aussi quelques personnages secondaires complètement ratés, la flic Judy qui ne sert absolument à rien et qui devient au bout de 2 phrases une tête à claques par exemple mais dans l’ensemble j’en retire plus de positif que de négatif de ce point de vue-là.


Le twist sur l’identité de Ghostface est à mon sens le meilleur de la saga avec celui du premier Scream :


La tueuse qui se fait passer tout du long pour une victime à protéger c’est bien vu, c’est inédit dans la saga qui commençait vraiment à trop reposer sur le duo démence et vengeance, ça développe davantage la thématique vis-à-vis de la surmédiatisation avec une critique à l’inspiration pour le succès sans aucun mérite, ça se mêle très bien à l’idée du double tueur hérité du premier film d’autant qu’elle est révélée en second, ça donne lieu à une réplique très nanard mais très fun avec l’original dépassant le remake...


Et ça reste pleinement cohérent au second visionnage, quand elle reçoit un coup de fil de Ghostface elle le met sur haut-parleur, elle est celle qui peut prévenir que le film regardé est Shaun of the Dead pour induire Kirby en erreur au téléphone, elle a pu sortir par la fenêtre repérée ouverte par le flic... C’est assez bien dissimulé quand on voit le film la première fois, d’ailleurs je me suis fait avoir par le twist, et c’est très logique quand on revoit toutes ces scènes où l’on imagine très bien qui incarne Ghostface et comment Jill arrive à ne jamais être soupçonné par un personnage.


J’ai tout de même relevé un défaut d’écriture qui n’est pas tant dû au film qu’à ses prédécesseurs c’est d’insister autant sur le fait que tout le monde meurt autour du personnage de Sidney, c’est assez faux quand on regarde tous les personnages importants et proches d’elle qui survivent malgré tout à travers les épisodes. Scream 2 avait déjà entamé la voie en allant pas jusqu’au bout de ses meurtres qui furent pour beaucoup manqués donc tant insister sur Sid comme ange de la mort c’est une bonne idée qui souffre des erreurs des précédents films.


Un autre défaut pas bien méchant c’est la réalisation qui me pose problème au niveau de la lumière qui n’arrête pas d’alterner entre très lumineux et très sombre, c’est pas très agréable, et au niveau du maquillage qui gomme les visages jusqu’à ce qu’ils soient lisses comme c’est pas permis, en combinaison de la lumière trop forte j’aime pas trop le rendu visuel ultra contrasté et fake de certains plans. Autre petit détail : il y a un léger abus de jumpscares gratuits, moins gênant que pour le film précédent mais qui me soûle tout de même un peu.


Sinon, Marco BELTRAMI est fidèle à son poste de compositeur et s’en sort très honorablement dans l’ensemble, tout en restant très proche des autres bandes originales de la saga dans leur style, même si le thème que je vous propose au début est vraiment le meilleur et que les autres font simplement le travail. La meilleure composition musicale d’un Scream, pour moi ça restera celle du premier film, ce qui est un petit peu dommage et malheureusement on peut généraliser ça pour tout le film.


De bonnes idées de scénario et de bons personnages inédits en plus de qualités habituelles de la franchise, voilà ce que nous offre Wes CRAVEN comme conclusion de sa saga et de sa filmographie. Scream 1 reste le meilleur en terme de réalisation, d’ambiance, de composition musicale... mais on aurait pu avoir, et on a eu d’une certaine manière jusqu’à la sortie de ce film, une fin bien pire aux aventures de Sidney PRESCOTT.

damon8671
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le 29 juin 2018

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damon8671

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