10 ans après son excellent Règlement de compte à O.K. Corral, John Sturges présente au public la suite des aventures de Wyatt Aerp et de Doc Holliday : Sept secondes en enfer.


D’un côté, il s’agit d’un western qui s’inscrit dans la continuité d’O.K. Corral. Le film débute juste après le duel final du premier volet, dans les rues de Tombstone. La rivalité avec les Clanton est plus que jamais présente et continuera d’être le moteur principal de l’intrigue.


En revanche, de nombreuses choses ont changé.


A commencer par les acteurs : Burt Lancaster est ici remplacé par James Garner (le compagnon de Steve McQueen dans La Grande Evasion, sans doute le film le plus connu de John Sturges) dans la peau du Marshall Wyatt Aerp; tandis que Kirk Douglas laisse son costume de Doc Holliday à Jason Robards (le Cheyenne d’Il était une fois dans l’Ouest).


Mais également le ton du film. Là où Règlement de comptes à O.K. Corral était un western globalement enlevé, symbolisé par la célèbre chanson de Frankie Laine Gun Fight at OK Corral, qui ouvre et clos le film, Sept secondes en enfer se présente davantage comme un western « crépusculaire », emprunt de pessimisme.
Un pessimisme qui traverse toute l’œuvre. La vieillesse pointe le bout de son nez : Doc Holliday est plus que jamais alcoolique et malade, tandis que les grands idéaux de Wyatt vacillent quand la loi et les tribunaux ne suffisent plus à faire respecter la justice.


Côté mise en scène, les chevauchées à travers les grands espaces laissent souvent la place à des scènes d’intérieur, ce que soit celle du procès, moment fort du film, mais également toutes les rencontres de Wyatt avec les représentants de la justice, qui vont progressivement le faire basculer du devoir de maintien de l’ordre à la pure vengeance. No more Glamour.


Après un flamboyant Règlement de compte à O.K. Corral, John Sturges semble éprouver le besoin de démythifier ses personnages, devenus au fil du temps des légendes du western auprès du public. Dans cette démarche, un rapprochement pourrait être fait avec Winding Refn qui, deux ans après l’immense succès de Drive et de son héros incarné par Ryan Gosling, se sent obligé de lui rendre les coups et de ternir son image virile avec le non moins immense Only God Forgives.


Si depuis le début des années 1960 et ses grands succès qui l’ont rendu célèbre (Fort Bravo, Le Dernier train de Gun Hill, et bien sûr Les Sept Mercenaires pour ne citer qu’eux), John Sturges connaît de vives critiques du public et des journalistes, ces Sept secondes en enfer méritent indéniablement la reconnaissance.
Le film s’ouvre dans le feu de l’action, par une scène de gunfight de toute maîtrise – qui m’a fait pensé à la scène d’ouverture d’Il était une fois dans l’Ouest, le célèbre duel à la descente du train – et continue à un rythme soutenu, nos deux justiciers allant descendre un à un tous les salauds du clan Clanton.


Quoi qu’il en soit, O.K. Corral et Sept secondes en enfer restent un excellent dytique, l’un plein d’idéaux, l’autre désenchanté et crépusculaire. Tous deux classiques dans leur forme, mais d’excellente facture, et tout bonnement passionnants.
Si le premier est indéniablement plus connu que le second, Sturges déclara qu’il considérait le second comme l'un de ses meilleurs westerns.


Reste une énigme pour moi : la signification de ces « Sept secondes » du titre…

D-Styx
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le 28 janv. 2021

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D. Styx

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