En s’ouvrant sur un court film en Super 8 décrivant l’exécution de quatre membres d’une même famille, le ton est donné, l’ambiance poisseuse installée. Le gros grain, le ronronnement du projecteur : ce format de film a quelque chose de dérangeant, inquiétant, malsain. Le visionnage de la demi-douzaine de bobines qu’Ellison découvre dans son grenier, rythme Sinister et promet des moments de forte tension. Une fois l’écran – un drap blanc – déplié, et la machine enclenchée : quelles images, quelles horreurs, l’écrivain va-t-il (et allons nous, à travers lui) découvrir ? Les atrocités qui s’étalent devant ses (nos) yeux, sont glaçantes.

Au fur et à mesure qu’Ellison s’enfonce dans son obsession, le contenu terrifiant des films contamine son quotidien. La nuit, d’étranges bruits résonnent dans la maison, le projecteur se met en marche tout seul, une menace semble rôder dehors… Une entité maléfique habite-t-elle les lieux ? L’écrivain serait-il en pleine parano ? A la logique nébuleuse de la série de crimes sur laquelle Ellison veut faire la lumière, s’ajoute un second mystère, celui de la nature (phénomènes paranormaux ? hallucinations ?) de ces flippantes manifestations nocturnes. Scott Derrickson nous ressert des ingrédients connus du film de maison hantée, des histoires de boogeyman et d’esprits malins, et ne se prive pas de faire un petit tour du côté du film de serial-killer. Finalement, c’est ce mélange qui fait l’originalité de Sinister.

Le film se repose cependant beaucoup trop sur ses effets sonores, efficaces, mais souvent manipulateurs à l’extrême. Exemple : la musique bien creepy qui se greffe à l’un des films en Super 8, comme si elle provenait de l’enregistrement, alors que ce format de film empêche toute captation de son. Et si les raisons de sursauter ou de s’accrocher à son fauteuil son nombreuses, le dénouement est clairement décevant. Sans grande surprise, échouant à créer le malaise recherché, il nous rejoue un couplet déjà vu, celui du film maudit (le scénariste C. Robert Cargill a eu l’idée de l’intrigue après avoir vu le remake américain de Ring…), et ne pose que de frêles bases pour un éventuel sequel, qui a toutes les chances de voir le jour.
Giallover
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 10 nov. 2012

Critique lue 268 fois

Giallover

Écrit par

Critique lue 268 fois

D'autres avis sur Sinister

Sinister
real_folk_blues
3

Snuff? Non, ça a déjà sévi.

Mon dieu mais quel film de flemmard ! Quel film de fumiste ! Quel film de grosse feignasse ! Ah oui, j’applaudie. J’applaudie Derrickson qui semble tellement fier d'avoir vu Insidious qu’il nous en...

le 12 janv. 2013

69 j'aime

27

Sinister
Marvelll
9

La peur, la vraie!

Je vais attaquer directement à la question qui nous intéresse. Est-ce que Sinister fait flipper ? Oui, ô grand Oui, Oui avec une majuscule. En toute franchise, ça fait des années que je n’avais pas...

le 12 oct. 2012

57 j'aime

6

Sinister
Gand-Alf
6

Cigarette burns.

Scott Derrickson ne m'avait pas franchement convaincu avec ses précédents long-métrages que j'ai pu voir, à savoir le soporifique "Exorcisme d'Emily Rose" et son piètre remake du "Jour où la terre...

le 31 mai 2013

55 j'aime

6

Du même critique

Queen of Montreuil
Giallover
6

La fantaisie reine

Il y a des films comme ça qui arrivent sans faire de bruit et qui se révèlent aussi fragiles que précieux. "Queen of Montreuil" est de ceux-là. Il a failli ne pas voir le jour : les refus de...

le 19 mars 2013

9 j'aime

La Maison au bout de la rue
Giallover
6

Et ta soeur ?!?

On pressent le réalisateur, Mark Tonderai, très influencé par le cinéma de Dario Argento. L’une des scènes à l’air de faire clairement référence au fameux plan à la Luma de "Ténèbres", glissant le...

le 26 nov. 2012

7 j'aime

Action ou vérité
Giallover
6

Critique de Action ou vérité par Giallover

C’est bien connu : jouer à “Action ou vérité ?” est l’un des plus sûrs moyen pour bousiller une soirée. Toutes les vérités n’étant pas bonnes à entendre et certaines actions n’étant ni faites ni à...

le 7 oct. 2012

7 j'aime