En s’ouvrant sur un court film en Super 8 décrivant l’exécution de quatre membres d’une même famille, le ton est donné, l’ambiance poisseuse installée. Le gros grain, le ronronnement du projecteur : ce format de film a quelque chose de dérangeant, inquiétant, malsain. Le visionnage de la demi-douzaine de bobines qu’Ellison découvre dans son grenier, rythme Sinister et promet des moments de forte tension. Une fois l’écran – un drap blanc – déplié, et la machine enclenchée : quelles images, quelles horreurs, l’écrivain va-t-il (et allons nous, à travers lui) découvrir ? Les atrocités qui s’étalent devant ses (nos) yeux, sont glaçantes.
Au fur et à mesure qu’Ellison s’enfonce dans son obsession, le contenu terrifiant des films contamine son quotidien. La nuit, d’étranges bruits résonnent dans la maison, le projecteur se met en marche tout seul, une menace semble rôder dehors… Une entité maléfique habite-t-elle les lieux ? L’écrivain serait-il en pleine parano ? A la logique nébuleuse de la série de crimes sur laquelle Ellison veut faire la lumière, s’ajoute un second mystère, celui de la nature (phénomènes paranormaux ? hallucinations ?) de ces flippantes manifestations nocturnes. Scott Derrickson nous ressert des ingrédients connus du film de maison hantée, des histoires de boogeyman et d’esprits malins, et ne se prive pas de faire un petit tour du côté du film de serial-killer. Finalement, c’est ce mélange qui fait l’originalité de Sinister.
Le film se repose cependant beaucoup trop sur ses effets sonores, efficaces, mais souvent manipulateurs à l’extrême. Exemple : la musique bien creepy qui se greffe à l’un des films en Super 8, comme si elle provenait de l’enregistrement, alors que ce format de film empêche toute captation de son. Et si les raisons de sursauter ou de s’accrocher à son fauteuil son nombreuses, le dénouement est clairement décevant. Sans grande surprise, échouant à créer le malaise recherché, il nous rejoue un couplet déjà vu, celui du film maudit (le scénariste C. Robert Cargill a eu l’idée de l’intrigue après avoir vu le remake américain de Ring…), et ne pose que de frêles bases pour un éventuel sequel, qui a toutes les chances de voir le jour.
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