La poSOLOgie disney commence à faire effet

Depuis le rachat de la franchise, le traitement s’est intensifié avec un automatisme à faire bondir toutes les campagnes publicitaires visant à réduire le recours aux antibiotiques.
La dose est devenue annuelle, avec alternance entre épisodes trilogiques “officiels” et spin off.


Rogue One lançait le concept avec un opus qui bénéficiait de l’avantage de pouvoir créer librement de nouveaux - bien qu’éphémères - personnages. C’est facile de dire que cette latitude laissée au film était un bénéfice une fois qu’on a vu le résultat, mais il fallait être capable d’installer rapidement les nouveaux personnages tout en faisant le lien avec l’épisode IV.


Solo a déjà plus de contraintes dans la mesure où on connait déjà le rôle titre, et quel personnage! Dès l’annonce du projet ça sentait déjà la pente savonneuse.


La genèse du film a été chaotique, les défections se sont accumulées en même temps que l’intérêt du public pour le projet diminuait, passant d’une légère curiosité à l’indifférence générale, et peut-être de l’angoisse pour les fans hardcore.
La peur des fans était de voir leur bel univers un peu plus saccagé à chaque nouvel ajout dans la chronologie.


Alors où on en est de toute cette non-attente et de la crainte de la désacralisation?


A vrai dire la principale chose que suscite le film c’est de l’indifférence.


On est loin du ratage redouté, mais on est aussi à des années lumières d’un voyage à la hauteur de ce que la saga intergalactique nous a déjà fait vivre - quoi qu’en disent les multiples citations brandies par le film.


C’est d’ailleurs assez symbolique que le film qui semble le plus éloigné de l’univers star wars soit celui qui justement cherche à tout prix à revendiquer sa filiation.
Comme s’il n’avait pas compris qu’en général les relations de paternité ne sont pas au beau fixe dans l’univers de la saga.


Solo, c’est un film d’ado qui cherche à exister, qui enfile des fringues qui ne lui vont pas mais qui lui donnent l’impression d’être dans le ton, de sonner juste. Comme si le film s’était mis lui-même dans la peau du jeune contrebandier dont il entend raconter les origines.


Par moments on a envie d’y croire: quelques passages arrivent à nous sortir de notre torpeur le temps d’une action sur un train ultra maniable ou le temps de rencontrer l'ancêtre des L5 réuni en un robot revendicateur et rafraîchissant, mais c’est peu.


Le reste du temps on ronge son frein, on cherche à savoir si ce qui nous perturbe le plus c’est d’avoir l’impression que les planètes visitées sont toutes les mêmes, que la photo ne sorte jamais de sa fadeur, que les personnages ne nous émeuvent pas, ou que tout reste relativement moyen.


Le même film sans lien avec une saga préexistante aurait pu être plus facile à apprécier, mais ici on parle quand même de Han Solo, le rebelle qui a pu profiter de l’hyper classe de son interprète historique.


C’est justement là qu’on a du mal à laisser sa mémoire de côté: le jeune Solo manque cruellement de charisme..
Difficile de dire que l’acteur est mauvais, il n’a surtout pas une tâche facile en devant reprendre les mimiques d’un autre: il n’a pas beaucoup de marge de manoeuvre et ça se sent.


Le long métrage est passable, la réalisation random, les personnages pas intéressants et peu attachants.


Tout est moyen, pas vraiment mauvais.
On a du mal à tapper sur un film qui fait son possible avec les moyens du bord, mais on a aussi peu envie de voir la suite.
En sortant de la salle on se demande encore si ce film était nécessaire (et la réponse est bien évidemment non).
Finalement quitte à faire des films hors épisodes officiels, autant créer des personnages ex nihilo sans toucher à l’existant.

iori
5
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le 30 mai 2018

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iori

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