Qu'on passe ses nuits perché sur un planeur à réaction dans une combinaison grotesque, qu'on déambule en supérette pourvu d'excroissances mécaniques particulièrement revanchardes ou qu'on s'avère symbiote extraterrestre gothique en goguette, on ne pouvait cette fois qu'attendre Spider-man au tournant tant le challenge à relever pouvait paraître de taille (et la chute, elle, inévitable). Comment, oui, conserver le souffle et la qualité d'écriture des précédents volets, tout en multipliant par trois le quota de vilains empêcheurs de roucouler en rond ? Un exploit à la hauteur d'un véritable super-héros !

Or, cet exploit, le réalisateur parvient à l'accomplir avec la même aisance que son personnage principal, renchérissant sans cesse dans le domaine des scènes de combats virtuoses sans JAMAIS sacrifier l'un ou l'autre de ses personnages, dont les boires et les déboires restent le noyau-même (voire la raison profonde) du film. Certes, l'histoire est encore une fois cousue de fil blanc (ou tissée de fil noir, le cas échéant), mais elle ne sert que de décor à la très humaine comédie que nous joue tout ce petit monde sur une scène aussi subtile, censée et enthousiasmante que par le passé.

Une fois encore, thérapie de choc pour le pauvre Peter Parker, auquel l'auteur n'épargne aucun déchirement, centrant le film autant sur ses états d'âme intérieurs que sur ses généreuses distributions de bourres-pif en tous sens. Alors, effectivement, le scénario-gigogne explore souvent beaucoup trop de pistes à la fois pour réussir à maintenir une réelle unité (surabondance de seconds rôles), mais le "trop" vaut ici beaucoup mieux que le "pas assez", d'autant que toutes les pièces du puzzle finissent par se réunir avec élégance dans un final épique particulièrement inspiré.

Seul point négatif (très discret): en regard de la maturité du propos, les quelques emprunts révérencieux aux comics d'origine viennent alourdir un peu l'ensemble (l'arrivée de Venom, la transformation de l'homme-sable, Marie-Jeanne en potiche, bonjour la finesse et la crédibilité !) ; un ensemble qui n'est d'ailleurs jamais aussi brillant que dans l'adaptation, la transposition voire... La trahison (la réécriture de la mort d'Oncle Ben en tête. Remarquable).

Les fans de la BD ne s'y retrouveront sans doute pas. Les amateurs de Comics-movie, eux, s’ennuieront peut-être ferme. Cependant ceux qui attendent autre chose d'un film que du Shbang ! et du Ka-Pow !, et qui l'ont trouvé dans les précédents opus ne seront pas déçus. Ils l'auront à nouveau.

Multiplié par trois.
Liehd
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le 25 janv. 2014

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Liehd

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