#ThisIsNotMySpidey

N’ayant que très (!) moyennement apprécié le premier volet de la réinterprétation par les Marvel Studios, je n'attendais rien de très excitant de ce nouveau long métrage, d’autant plus que les quelques images du jeu de Tom Holland que YouTube m’a forcé à ingérer n’avaient rien de très convaincantes… Mais en fait, j’ai véritablement passé un excellent moment. Le film est bien rythmé, agréable à suivre, drôle et touchant malgré des défauts difficilement masqués comme un jeu d’acteurs pas toujours très convaincant, une succession de clichés sur l’Europe (où la France est épargnée de justesse), une archi-présence d’effets spéciaux magnifiques mais plus numériques que jamais, des défauts d'écriture et surtout cette absence de drame dans la vie de Peter qui est pourtant les fondations du personnage…

You sent Nick Fury to voicemail?

Et je vous ai épargné le fait que ça me perturbe plus que jamais de me surprendre à mater le boule de tante May ! (Outre le fait que je me sens vraiment pervers en faisant cela, ça enlève le contraste de la fragilité que Peter met constamment en danger en exerçant son alter égo masqué. Cela nuit aussi à la représentation négative qu’exprime May sur Spidey et représentant une génération abjecte au changement.)

Mais bon ce petit teenage road trip movie est vraiment sympathique à suivre avec un humour archi-présent qui fonctionne bien et surtout une double lecture du film. En effet, les amateurs de Spidey et de comics d’une manière générale verront le film d’un autre œil que le chaland découvrant la franchise cinématographique la plus populaire de l’histoire du cinéma !

Le hic ? C’est qu’au final, le film manque un peu d’enjeu.

Et étant donné qu’on est dans un aftermath d’Endgame dont ce film est censé clôturer la phase 3 du MCU mais qui se contente juste de résoudre le manque suite à la disparition d'Iron Man par rapport à Peter. Alors si j’adore cette relation Iron/Spidey qui est intéressante parce qu’elle comble la tragédie de la mort d’Uncle Ben déjà maintes fois réinterprétée lui offrant un modèle paternel qui lui est ensuite soustrait précipitamment, tout tourne un peu trop autour de Tony.

Everywhere I go, I see his face. I just really miss him.

On notera également une intégration hasardeuse du snap de Thanos où tout le casting de Homecoming a été désintégré et donc réapparait au même âge ! Comme cela tombe bien ! Même May avait disparue, elle et sa révélation surprise de l’alter égo de son neveu ! On élude cette révélation et on n'en parle plus donc? Ok... On peut donc se demander en quoi ce film est censé clôturer la phase 3 qui était déjà bien achevée, si ce n’est en libérant Spider-Man de l’ombre de son tuteur… Aucune des questions de l’aftermath n’est ici ne fut ce qu’abordé avec la disparition de la moitié de la population pendant 5 ans… Genre la pédophilie quand un mec qui a grandi pendant 5 ans retrouve son amour d’enfance resté figée dans l’adolescence, les familles ayant enterré les leurs, les problèmes d’identité de la vie quotidienne une fois que tu as été déclaré mort, les familles qui ne reconnaissent plus les revenants, l’évolution du monde en 5 ans, …

Sinon sous sa forme de teen movie, le film est une belle ôde à l’adolescence et son lot de faux semblants et d’amourettes joliment tournées en dérision et qui apporte les blagues les plus amusantes à l'édifice.

I just want to spend sometime with MJ. I think she really likes me, dude.

Les costumes et décors sont beaux et variés. Même Mysterio avec son costume plus proche du nanar dans ma tête une fois transposé à l’écran donnait vachement bien. Il était stylé malgré une adaptation très proche de son costume du comics. Spider-Man est ici beaucoup montré dans une tenu camouflage noire (Night Monkey) qui apparait moche mais qui regardée en détails est en fait pas mal foutue. Les décors sont variés et changent de ce qui a déjà été vu dans le MCU grâce à une tournée un brin ridicule et très clichée mais néanmoins rigolote et charmante à travers l’Europe (sont cools leurs voyages scolaires !). Mais malheureusement Spider-Man est tellement l’emblème de New York et c’est le seul qui en a véritablement besoin pour se déplacer (swinguant d’un immeuble à l’autre comme seul NYC peut offrir de prises) qu'on est triste de ne pas plus le voir évoluter entre des grattes-ciels.

I think Nick Fury just hijacked our vacation.

J’ai bien également aimé que le film fasse réellement évoluer Spider-Man de gamin dôté de pouvoirs en héros reprenant la relève et assumant (+/-) ses responsabilités. Même si on est encore loin du « à grands pouvoirs, grandes responsabilités »… Et l’action y est toujours très lisible, diversifié et la scène cauchemardesque d’illusions est juste cool.

You got gifts, Parker. But we have a job to do. Are you going to step up or not?

Sinon dans les autres points négatifs, on peut critiquer la musique à chier, cliché des accompagnements de l’action et sans personnalité propre liée à Spider-Man, ce qui est dommage. Ca manque réellement d’un thème propre comme il en existe déjà plusieurs liés au Tisseur. MCU oblige, le méchant est vraiment bâclé au niveau de son origin story et ses intentions ne sont vraiment pas claires. Vous me direz « Mais on s’en fout ! », ce n’est pas faux mais bon… Tout de même ! Et j’ai trouvé que pour quelqu’un si préoccupé de sauvegarder son identité secrète qu’il se baladait beaucoup sans son masque dans des endroits publics (pont de Londres, dans le bar avec Beck, etc).

Bref, Far from Home est un bon film, un très bon film, drôle et mené tambour battant malgré qu’il porte à peu près tous les défauts du MCU (facilité d’écriture, méchant au background pourri alors que l’aftermath d’Endgame aurait permis beaucoup d’origin story, dédramatisation par un humour omni-présent, etc). Il s’impose donc comme un très bon summer blockbuster et assois plus que jamais Spidey comme personnage du MCU pour rallier le public teenager à la franchise. Malheureusement on ignore complètement la partie dramatique sombre de la vie privée du Tisseur qui contrebalance avec l’humour potache omni-présent du héros masqué qui se défoule de la sorte…

PS : Il y a deux scènes post-crédits assez sympathiques.