Spotlight, grand Outsider des Oscars 2016 (6 nominations, et pas les moindres...) relate une obscure affaire de pédophilie des années 2000, à Boston. Célèbre division du Boston Globe, Spotlight, constituée de 4 membres, a pour mission de couvrir les dossiers les plus pointus, qui nécessitent un véritable travail d'investigation. Alors, nominations méritées ?
Spotlight possède une corde unique, mais extrêmement solide à son arc : Son histoire. En effet, le film, ou du moins le récit, est captivant. Pour des gens qui, comme moi, n'étaient pas du tout au courant de ce scandale, l'enquête liée à son déroulement s'est révélée plus qu'intéressante, l'envie d'en connaître l'issue prenant vite le dessus sur le simple regard de spectateur. C'est à peu près tout ce qu'a à offrir le film. Bien que quelques scènes soient imprégnées d'une certaine tension dramatique, l'intention n'est jamais de placer le jeu ou la prestation des acteurs sous les feux de la rampe (exceptée peut être pour Mark Ruffalo qui sort un peu du lot, son personnage ayant un peu plus de temps à l'écran que les autres). On assiste à une décomposition méthodique de l'enquête, en nous rappelant les tenants et les aboutissants régulièrement, permettant ainsi de cerner véritablement le problème. Il y a un désir palpable de faire passer clairement chaque point de l'histoire, afin que l'on soit profondément touché par tous les évènements. Ce film s'attaque quand même à un scandale lié à ce qui constitue une des fondations de la civilisation américaine : l'Eglise. Difficile de prendre parti contre eux et de révéler un véritable drame qui s'étend beaucoup plus loin que les frontières du pays au drapeau étoilé.
Côté réalisation, c'est très sobre. On nous montre ce qu'on a besoin de voir, sans être dans la démonstration, la confirmation ou l'expérimentation. Tout est placé sous nos yeux de manière simple et efficace.
Je dirai, que c'est ça, qui fait le charme de Spotlight. Dans une époque où les films peinent à devenir originaux, et où les seuls à sortir du lot sont ceux empreint de scénarios retournant le cerveau ou de styles esthétiques très singuliers, il est remarquable qu'un film aussi simple ait attiré autant d'attention sur lui. Sans aller jusqu'à dire qu'on est face au chef d’œuvre de la dernière décennie, ce film reste touchant et juste, pourvu qu'on accroche à l'histoire.