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Je ne suis pas d'accord avec les critiques qui ont descendu ce blockbuster lors de sa sortie américaine et qui continuent de le faire par chez nous cette semaine. Non pas que Suicide Squad soit un bon film qui mérite d'être défendu ; simplement, la curée dont il a fait l'objet repose à mon sens en grande partie sur des arguments peu recevables.


Non, la lecture du film n'est pas rendue incompréhensible par un montage hystérique : si les flash-back sont relativement nombreux, ils se situent essentiellement au début du long métrage et présentent les personnages et le trauma qui les anime dans un mouvement passé/présent très classique. Ici : trop classique.


Non, le film n'est pas pauvre en action : s'il repose effectivement sur une intrigue terriblement minimaliste et souffre de certains effets spéciaux qui lui donnent parfois l'air d'un film de SF des années 80, il parvient toutefois à plutôt bien ménager son rythme et à distiller plusieurs scènes d'action modérément divertissantes.


Non, Harley Quinn ne se sert pas de sa batte de baseball uniquement pour casser la vitrine dans laquelle elle vole un sac à main (si si, ça aussi je l'ai lu) : cette batte est bel et bien son arme de prédilection et elle défonce un paquet d'ennemis avec. Notons au passage que Margot Robbie livre pour le coup une interprétation juste et tout à fait enthousiasmante de ce personnage : elle est à elle seule LE point fort du film, voire la seule vraie raison pour laquelle il mérite d'être regardé.


En réalité, le reproche essentiel que l'on peut faire à Suicide Squad, tellement fondamental qu'il envoie directement le film dans la vilaine catégorie des publicités mensongères tendance erreur sur la marchandise, c'est que l'équipe de salopards que l'on nous vend depuis des mois comme un furieux ramassis d'azimutés du bocal plus méchants qu'Orangina Rouge, ben c'est juste une bande de gros doudous avec de gros états d'âme et un cœur grand comme ça :
Deadshot veut se racheter une conduite aux yeux de sa fille qu'il câline comme un gentil papa, Harley Quinn et le Joker pleurent d'un gros chagrin d'amour dès qu'ils sont séparés, Diablo refuse d'utiliser ses pouvoirs depuis qu'il a accidentellement tué femme et enfants, le groupe entier marque une minute de silence émue et compatissante lorsque le militaire qui les supervise pense avoir perdu celle qu'il aime, les personnages multiplient les regards fraternels et les sorties du genre "On est une famille !", avant de carrément


lutter contre leur inclination naturelle et refuser de se ranger auprès de la grande méchante qui s'apprête à remporter le combat final au prétexte de "T'aurais pas dû taper sur mes copains !"


, ils sont manipulés par une bureaucrate bien plus salope qu'eux qui les fait tout du long passer pour de pauvres victimes...


Bref, malgré leur image badass, les méchants de DC sont plus guimauves que nombre de figures Marvel autrement plus torturées, et tous les ressors psychologiques, rebondissements et petites phrases qui auraient fait mouche dans un blockbuster de super-héros traditionnel sonnent ici comme autant d'absurdités qui rendent bien tiède cette virée supposément à contre-courant.


On nous promettait du hard-rock, on se retrouve avec avec de la pop-lounge : ça s'écoute aussi, mais c'est pas pour ça qu'on avait acheté la place.

AlexandreAgnes
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le 7 août 2016

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Alex

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