Suicide Squad est le 3ème film du DC Extented Universe. Premier film sans Superman (Man of Steel, Batman V Superman) et également le premier non dirigé par Zack Snyder. Le choix du réalisateur c'est porté sur David Ayer. Choix logique sur le papier puisque le bonhomme est habitué des films de groupes (Fury, Sabotage, Au bout de la nuit) et des gueules rebelles (voir toute sa filmographie).
La sixième réalisation de Ayer est également son plus gros budget, il passe de 70 millions de dollars pour Fury (2014) à 170 ici.Notre homme ne perd pas ici ses intentions de mise en scène et sa « patte ». Le film est sombre, lourd (nombreux plans serrés) et si l'on sent moins la sueur et la crasse que dans ses autres films, la caméra d'Ayer bien que moins mobile sait trouver sa place en plein cœur de l'action comme à son habitude.
Le film reste une œuvre bâtarde. Tout commence par un début laborieux où un grand nombre de personnage est présenté via flash-back dans une séquence interminable. Heureusement, une fois notre bande d’antihéros réunie la mission en elle-même reste bien rythmée. La progression au cœur de Midway City est malheureusement elle aussi entrecoupé de fash-backs pas toujours bien sentit et parfois redondant. Le nom de Midway City est quand à lui bien vu ; nous pouvons y voir littéralement « à mi-chemin » du bien et du mal pour des méchants en guise de rédemption (El Diablo), des soldats qui n'hésitent pas à franchir la ligne (Rick Flagg, Amanda Waller) ou encore un homme tiraillé entre ses occupations et sa fille (Deadshot). Même les plus « méchants » finissent par devoir choisir entre leurs nouveaux amis du "Skwad" comme Harley Quinn avec son amoureux de Joker ou Boomerang et sa lâcheté.
Comme annoncé plus haut, les introductions des personnages sont laborieuses (bien qu'elle souligne le côté série b eighties/nineties du produit) par ses côtés trop cut ou pas assez et par ce zapping radio où la convention oblige à ce que chaque personnage aie son morceau. À ce titre, le score de Steven Price, pourtant intéressant, disparaît du coup assez souvent.
Si depuis ces derniers films, Ayer semble avoir trouvé un rythme efficace, il ne paraît avoir trouver comment on dirige les acteurs où leur donner du charisme. En effet si même en roue libre Will Smith ou Margot Robbie remplissent le contrat, on ne peut pas en dire autant de Jared Leto ou même des quelques apparitions de Ben Affleck en Bat assez pataud. Ce Joker gangsta, qui aurait pu gagner à être un Scarface-like en étant plus développé, tombe à plat et est plus près de friser à de nombreux moments le ridicule que de rendre hommage au Clown Prince du Crime bien connu. Soulignons tout de même la prestation de Jai Courtney, acteur à la filmographie pitoyable (Divergente, Die Hard 5, Terminator Genisys, …) qui signe ici une performance honorable et certainement sa meilleure.


David Ayer remplit difficilement sa mission mais parvient à rendre une copie divertissante dans une saison 2016 où les blockbusters sont rarement dignes d'intérêt. S'il garde le côté assaut des films d'action qu'il fait régulièrement, il signe également son premier film fantastique de plutôt belle manière. Cet aspect est caractérisé par Enchantress (Cara Delevingne envoûtante) et son frère Incubus dans un décor apocalyptique convainquant. Si *Suicide Squad* est bordélique l'on peut le voir à l'image des pathologies de ses personnages principaux, mais il a pour lui qu'il reste assez seul en son genre puisque son unique concurrent pourrait être un *Deadpool* (Tim Miller, 2016) bavard et amoureux tourné dans des décors roumains au rabais. 
Avant de finir, un mot sur l'ajout d'une scène mid-credits, probablement tourné en reshoot, qui veut bien sûr gagner les spectateurs qui seraient passés à côté de *Batman V Superman* afin de préparer *Justice League* dans de bonnes conditions. Nous pouvons regretter que cette scène soit pour l'instant une redite puisque l'on pouvait penser que Wayne avait déjà les fichiers demandés à moins qu'une cohérence soit prévue avec un aspect gouvernemental en 2017.... Wait and See the DCEU !
PierrickLafond
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le 3 août 2016

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