208 secondes pour l’éternité

Sorti fin 2016, ce film relate l’histoire du pilote de ligne Sully Sullenberger, qui réussit le 15 janvier 2009 l’exploit de poser un Airbus A320 sur les eaux glacées de l’Hudson après que l’avion ait perdu ses deux réacteurs, sauvant ainsi la vie des 155 passagers à bord.

Très vite placé au rang d’héros national, Sully va pourtant faire l’objet d’une enquête du NTSB visant à évaluer sa responsabilité dans la perte de l’appareil.

Clint Eastwood dresse ici le paradoxe de la société américaine, prompte à célébrer un héros tout en remettant en cause ses actes et sa personne. Une société où quand une perte financière est estimée, quelqu’un doit forcément payer, peu importe ses actes.

Au-delà de l’acte héroïque de Sully, Eastwood met ici en lumière une triste réalité : même s’il est irréprochable depuis de nombreuses années, un homme confronté à un événement d’envergure sera souvent jugé dans son ensemble en fonction de sa position prise sur le moment, autrement dit sur un laps de temps très court. Comme il l’exprime à plusieurs reprises au cours du film, Sully (pilote sans histoire depuis 40 ans) verra son destin scellé sur ces 208 secondes : temps entre les impacts d’oiseaux et sa décision d’amerrir sur l’Hudson.

• 208 secondes sur lesquelles vont reposer l’ensemble du film.

Tout d’abord par l’approche psychologique du personnage de Sully, tiraillé entre cauchemars, ruminations, questionnements personnels... Loin de l’image de héros attribuée par les médias, Sully ressasse les événements en boucle tel un arrêt sur image dont dépendra son avenir.

Ce temps va aussi alimenter les échanges téléphoniques avec son épouse, échanges souvent interrompus compte tenu de la situation, ou encore les discussions avec son co-pilote, visant à réévaluer les faits et si leur décision a été la bonne.

Le dernière partie du film se centre sur la Commission d’enquête, où Sully et son co-pilote Jeff Skiles vont passer sur le grill, confrontés aux simulations de l’accident, remettant en cause leur décision. Des simulations qui sans prise en compte du facteur humain les auraient ternis à tout jamais...

• Toujours soucieux du réalisme apporté à ses œuvres, Clint Eastwood apporte ici un rendu de qualité où chaque détail apparaît avec clarté. Un rendu visuel pour l’accident, narratif pour les faits, psychologique pour ses personnages et scenaristique pour l’enquête.

Le duo Tom Hanks - Aaron Eckhart sublime le duo de pilotes par leur charisme plein de calme et de sagesse.

L’image de solidarité humaine qui se dégage au fur et à mesure du film laisse entrevoir un monde teinté d’espoir où les miracles sont possibles. L’amerrissage de l’Airbus 320 sur l’Hudson le 15 janvier 2009 en est un...