Un film de beaufs pour les beaufs
La deuxième course du scénariste-producteur Luc Besson est un indigeste voyage bourré d'humour raciste et de mots d'esprit éculés. Un véritable désastre.
Après le succès surprise de TAXI, Luc besson remet ça dans un florilèges de clichés malsains qui font la part belle aux Français moyens, voire à tendance FN. On retrouve Daniel (Samy Nacéri) et son taxi supersonique et Emilien (Frédéric Diefenthal), qui passe, pour la xème fois, son permis de conduire.
Après une rapide course à l'aéroport de Marseille, le premier doit retrouver sa Lily (Marion Cotillard) pour un dîner à risque où il va enfin faire la connaissance de ses futurs beaux-parents. De son côté Emilien attend l'arrivée du ministre de la justice japonais, venu tester l'efficacité de la police française. Suite à un léger accrochage, Daniel doit amener son éventuel beau-père, général de l'armée, à l'aéroport où il doit rencontrer lui aussi le ministre japonais. Satisfait de ses services, le gradé lui confie la tâche de voiturer la grosse huile japonaise, car le chauffeur officiel est pris d'un malaise. Durant leur périple à travers les rues de Marseille, le ministre est enlevé par une bande de yakusas qui en profitent pour emmener Petra (Emma Sjöberg), le nouveau béguin tout frais d'Emilien. Tout ce petit monde se retrouve à Paris en plein défilé du 14 juillet.
Voilà pour le scénario original et intelligent du Sieur Besson. Tout serait pardonnable si le film ne sombrait pas dans la bêtise crasse. On se permet un hommage honteux et facile à l'un des fleurons du Septième Art français : Le Corniaud. Quand l'avant de la voiture du général est pulvérisé, Samy Nacéri profère la même réplique que Bourvil : « Forcément, maintenant, elle va moins bien marcher ! ». On utilise sans aucune originalité le thème musical de Rocky pour dévoiler la voiture révolutionnaire qui doit transbahuter le ministre. Pire encore, les scènes d'action qui pouvaient faire l'intérêt du premier opus sont moins nombreuses et identiques : plans à toute vitesse au ras du bitume, ribambelles d'autos qui s'évitent de justesse, etc. C'est tout de même le comble pour un film auquel un caméraman a donné sa vie. En mettant en avant Paris, la promotion est putassière et mensongère, car seul le dernier tiers du film se déroule dans la Ville Lumière.
Mais le pire réside dans l'humour bas de plafond et raciste. Pour apprendre à ses ouailles comment saluer le ministre japonais, le commissaire (insupportable Bernard Farcy) écrit sur le tableau noir con-nichon-ha, que tout le monde répète en chœur. La voiture prêtée au ministre répond à la voix : elle démarre à ninja et s'arrêt à niak. Comme dans le premier épisode, mais en pire, les policiers sont tous des crétins et en particulier la brigade scientifique et les militaires des abrutis totaux, qui ressassent sans arrêt leur Guerre d'Algérie. Et franchement, si Daniel n'était pas un beur, le film pourrait très bien servir la politique du Front National.
Mais n'accusons pas trop le produit. Ceux qui devraient avoir honte dans cette affaire, ce sont les spectateurs qui feront sans conteste de cette daube un succès, comme il faudrait blâmer les électeurs de Blocher, plutôt que le personnage.