Attendu comme le messie, maintes fois repoussé, Tenet a acquis au cours des dernières semaines une espèce d'aura mystique, tant le scénario était opaque avant visionnage, et tant les salles de cinéma n'avaient plus espoir qu'en lui (hélas). Tenet est donc la nouvelle itération d'un Nolan qui semblait en roue libre depuis la fin de la trilogie Dark Knight, énième étude sur le temps et ses déformations. Le film est riche, très riche, sur ses 150 minutes, alternant moments d'égarement nolanien et véritables coups de force auxquels le cinéaste n'est pourtant pas habitué. En effet, si les dialogues sont encore plus catastrophiques qu'à l'accoutumée, honteusement surexpliqués, et faussement cryptiques, le film bénéficie en contrepartie d'un point positif auquel Nolan ne nous avait pas habitué : des scènes d'action absolument réussies, d'une inventivité fracassante, exploitant le concept avec une virtuosité rare. Ajoutons à cela des acteurs au meilleur d'eux mêmes (on retiendra la performance phénoménale de Pattinson, décidément très bon depuis qu'il a quitté les blockbusters pour adolescentes), un travail du son absolument impeccable, et un générique de fin chanté par Travis Scott, et on obtient, non pas un chef d'œuvre, mais un blockbuster de très bonne facture qui a le mérite de n'être pas idiot.