Tenet est pour le moins une bonne expérience cinématographique, dans les standards de ce que peut produire Nolan.
On y vient en sachant qu’il aura tenté de faire quelque chose d’original, et à la manière d’une pièce de théâtre (car voilà à quoi peut être comparé sa filmographie) nous sommes familiers avec le cast et conscient du degré d’attention que nous devrons porter à l’écran.
On a donc sans surprise un film magnifique visuellement, avec une tension bien gérée, un accompagnement sonore qui – bien qu’incomparable avec sa dernière symphonie qu’est Dunkirk – suit parfaitement le ton du film en vous coupant le souffle par moment et en vous oppressant par d’autres.
Des acteurs parfois très bon dans leur interprétation (shoutout Pattinson & Elizabeth Debicki) malgré la récurrence de clichés et de phrases « corny » .
(le Grand Méchant Russe qui se prend pour Dieu… sérieux ? On est en 2002 ? C’est Mission Impossible ?)
Le tout assaisonné d’un concept qui comme à son habitude, se veut proposer au spectateur de voir les choses différemment.
Voir les choses différemment :
Et c’est la tout le nœud. Car ce que Nolan tente de faire avec Tenet c’est de réinventer une nouvelle fois et à sa manière le concept du voyage dans le temps de façon inédite. Dans cet exercice, il s’en sort… comme aisément concevable venant de lui.
C’est au début intéressant puis prenant, puis ça devient tiré par les cheveux à certains moments, inutilement brouillon à d’autres. Parfois haletant parfois lassant. Et comme à son habitude, il retombe sur ses pattes, offrant ses « AAAAAH » moments tout au long du film et permettant au spectateur de clôturer sa séance avec le sentiment d’avoir plus ou moins compris et/ou d’avoir vécu la meilleure expérience de l’année, selon le nombre de personnes que vous interrogez.
C’est audacieux, c’est grandiose, c’est globalement réussi, c’est obligatoirement trop détaillé, c’est beaucoup. Nolan se voit « contraint » de faire du Nolan toujours plus Nolan et on comprendra assez vite que pour saisir certaines subtilités ou certains détails, un second visionnage pourra être nécessaire bien qu’assez d’éléments soient donnés dans le film pour au minimum suivre et apprécier. On finira avec un schéma qui en fera voyager certains ou sourire et lever les yeux au ciel pour les autres, de par les chemins emmêlés tendant à causer certaines de ses lignes de dialogues vides évoquées plus haut.
L’idée selon laquelle son cinéma aurait besoin de variables toujours plus déstabilisantes pour se sublimer à la peau dure. Et sans être vérifiée parmi ses plus grandes succès, on se retrouve malgré tout face à une de ses conséquences directes.
Nous restons cependant cloué au siège, respirant à l’unisson avec John David Washington jusqu’au dénouement avec un dialogue très apaisant et bien interprété aux allures de bouffées d’oxygènes
Voici donc la dernière pièce d'un artiste ayant d'ores et déjà trouvé sa voie avec une carte blanche pour créer à sa manière, autant pour lui que nous en nous offrant des spectacles toujours plus sincères de son monde. Avec tous les avantages et les inconvénients que cela implique.
Certains en sortiront fatigués, d’autres excités et euphoriques mais Tenet aura un effet différent sur tout un chacun, qu’on voudra tous comparer, partager et argumenter et c’est peut-être là, la plus grande marque de ses films.