Contient des spoilers
Je n’ai qu’un très vague souvenir d’Inception (que je n’ai vu qu’une seule fois, il y a fort longtemps de cela), mais j’ai tout de même l’impression qu’on a fait beaucoup de bruit pour pas grand-chose s’agissant de Tenet.
Déjà, si on débroussaille un peu tout ce qui sert à distraire le spectateur du fil conducteur du scénario, on se rend compte assez vite que l’histoire racontée dans la nouvelle œuvre de Nolan relève plutôt du banal. Pour la faire courte, ce sont des humains du futur en pleine dépression parce qu’il y a plus rien à becqueter, qui créent une machine pour remonter dans le passé et casser les dents des gens du présent qui abusent des ressources de notre bonne vieille Terre sans se soucier un seul instant de l’après. Vient se rajouter à cela l’histoire d’un gars qui n’en a plus pour longtemps et qui saute sur l’occasion pour venir se greffer à l’entreprise de démolition afin que personne ne vienne se taper sa femme après son trépas. Rien de bien transcendant, en somme.
Ensuite, on ne va pas se le cacher, mais Tenet est beaucoup moins spectaculaire que ne l’était Inception. Il y a bien quelques scènes montées à l’envers qui méritent un petit coup d’œil, mais elles sont globalement assez courtes et sans grande envergure. Ca tient plus du pétard mouillé que du bouquet final d’un feu d’artifice du 14 juillet sur le Champ de Mars. Sans mentir, j’ai vu des scènes plus impressionnantes sur des films bien plus anciens (à tout hasard,Matrix premier du nom, ou, plus récent, Dr Strange).
Et puis, il y a les personnages qui sont d’une fadeur insondable. Ca commence déjà avec un héros qui n’a pas de prénom, pas d’histoire, pas de réaction normale (le type, on lui dit qu’il y a des objets qui fonctionnent à l’envers, il dit « ok » sans même cligner des yeux). Et, autour de lui, on rajoute des PNJ qui ont une seule facette à leur personnalité, qui jactent comme des acteurs shakespeariens et dont on se fiche royalement. Pour être tout à fait honnête, j’ai déjà oublié comment ils s’appelaient. Le seul qui tire un peu son épingle du jeu, c’est Robert Pattinson, qui a finalement le rôle le plus humain du groupe.
En dernier point, j’ajouterai qu’il y a un souci d’équilibre assez pénalisant sur ce film. D’une part, nous avons des scènes qui sont tellement brouillonnes qu’il est difficile de comprendre aisément ce qu’il s’y passe (que ce soit la scène du début dans l’amphithéâtre ou celle de fin avec les deux équipes travaillant en parallèle, on se demande clairement qui est qui, qui fait quoi et pourquoi). Et de l’autre, il y en a qui sont si convenues qu’on s’ennuie en les regardant (qui n’avait pas compris que le héros se battait contre lui-même dans l’aéroport ?). Et à côté de ça, le rythme de la narration est particulièrement frénétique : on saute d’une ville à l’autre, d’un personnage à l’autre, d’une situation à l’autre avec une telle rapidité qu’au final, on ne sait même plus ce que les protagonistes sont venus faire à tel endroit (perso, j’avais oublié ce que le duo était venu faire dans ce fameux hangar détaxé).
Quant à avoir des explications sur le pourquoi du comment, l’un des Jean-Jacques dit clairement au spectateur : « tais-toi et bave ». Tenet en fait des caisses dans la grandiloquence et les discours pompeux, mais si on gratte un peu la croûte, on se rend compte que tout ça, c’est de la frime. Cette réalisation n’a pas vocation à vous faire réfléchir sur des concepts ardus ou à vous faire poser des questions métaphysiques. Non, elle est simplement là pour que vous posiez votre cerveau sur un accoudoir de votre fauteuil, pour que vous gobiez bêtement tout ce que les bonhommes à l’écran déblatèrent et pour que vous vous extasiez sur une voiture qui roule en marche arrière.
En bref, si vous ressortez de ce film avec une bonne migraine, ce sera plus du fait de la mise en scène douteuse que de la complexité du propos.