" Révolution ! "

Nate Parker s'est chargé d'éclipser définitivement le Naissance d'une Nation de D.W. Griffith en montrant réellement ce qu'a été l'esclavagisme dans le sud des Etats - Unis , contrairement au premier qui n'était qu'un torchon pro - Ku Klux Klan. Le film , première réalisation du monsieur , avait donc cette lourde tâche mais était aidé par un casting quatre étoiles. Alors , pari tenu ?

Le film raconte l'histoire vraie de Nat Turner , esclave cultivé et prédicateur très écouté , qui va prendre les commandes d'une révolte pour libérer son peuple opprimé.

Au niveau de la réalisation , Nate Parker s'en sort haut la main pour sa première réalisation. Sa réalisation reflète à la fois la beauté des paysages environnants et la cruelle brutalité de l'époque. De nombreux plans sont réellement marquants de par leur beauté , d'autres par la poésie macabre de certaines scènes. Le film s'autorise des passages purement symboliques qui , même s'ils ne sont pas tous convaincants , donnent une aura mystique au film. Cette dualité entre beauté et violence se retrouve tout du long mais avec toujours le même regard symboliste qui ne peut plaire à tous. Le film se révèle plus que franc et immersif et frôle à plusieurs reprises la limite de ce qui est montrable à l'écran. La révolte finale se révèle être l'un des moments cinématographiques de cette année 2017 !

Le propos a , quand à lui , divisé les gens. Le film , se montrant comme redresseur de torts , se doit d'ajouter de la nouveauté à un message connu de tous ( toujours aussi important à l'heure actuelle ). Certes , le film se révèle particulièrement sans surprises durant sa première moitié ( pourtant nécessaire pour crédibiliser un tel mouvement de révolte ) mais se révèle original dans ce qu'il apporte de neuf : un regard sur l'influence de la religion , qui peut à la fois soumettre les uns et soulever les autres , son message étant beaucoup moins manichéen qu'il n'y paraît ; le côté complexe de l'être humain avec cette lutte loin d'être manichéenne entre les opprimés ( qui comptent un traître dans leurs rangs ) et les esclavagistes ( loin d'être tous des monstres ). Le tout est très crédible et beaucoup plus convaincant , s'autorisant un épilogue beaucoup moins facile que prévu et très risqué. Les passages métaphoriques se révèlent au fur et à mesure et permettent un twist salvateur.

Le casting fait un sans fautes tout du long mais on retiendra un Armie Hammer tout en nuances.

Bref , un film qui nous fait oublier le brûlot raciste du même nom pour nous rappeler la monstruosité humaine et son pendant tout aussi capital : le courage de dire "révolution".