Kuroneko
7.6
Kuroneko

Film de Kaneto Shindō (1968)

août 2010:


Le précédent Kaneto Shindô que j'ai vu avait développé en moi une étrange paix, une fausse paix, une quiétude d'apparence, une réelle et concrète attention, faite de tension et d'intérêt intenses. Ce style de cinéma est très proche de la nature, des corps et des esprits, de la magie, du mystère, une riche palette de sensations et de sentiments, entre étrangeté et réalité. Ce Kuroneko est tout aussi plein de ces parures et ces caractères identitaires.

L'accompagnement sonore est superbe. Que ce soit dans les bruissements de la nature, le vent dans les feuilles ou dans les hautes herbes, le balancement des bambous, l'eau engloutie par des gorges assoiffées, les murmures ou les cris des êtres humains, ou bien que ce soit dans la bande musicale emplie de percussions aux tonalités très proches des sons de la nature, une musique de bois, le film place le son au cœur du dispositif de narration pour rythmer les actions des personnages et le déroulement du récit. Le décor en devient vivant, organique, il accompagne les morts comme les vivants. On entre ainsi dans un monde où nature et surnaturel sont intimement liés, où l'étrange est vrai et la vérité maquillée. Le visionnage devient une expérience sensitive, très douce.

La mise en image, imaginative, est plutôt contemplative la plupart du temps et s'encanaille parfois sur les séquences oniriques et magiques avec un gros travail sur les décors, les fumées, les maquillages, les ralentis, beaucoup d'effets spéciaux qui accentuent l'aspect fantastique que prend le film.

Peut-être pourrait-on faire au film le reproche d'être un tout petit peu long? Hum, chipotage.

C'est un très bel objet qui produit des atmosphères différentes mais toujours reliées entre elles par un style marquant, original et sensuel. Belle expérience visuelle et romantique. Encore une belle pierre à l'édifice cinématographique nippon. Arigato.
Alligator
8
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le 13 avr. 2013

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Alligator

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