Le film de zombies a ceci de particulier qu’il sert bien souvent à d’autres desseins que celui de simplement terroriser les spectateurs. Dénoncer le racisme, pointer du doigt les inégalités sociales, montrer la folie des scientifiques ou tourner en dérision la société de consommation, les zombies, à toutes fins utiles ne meurent jamais gratuitement. Bref, le zombie à l'inverse du bison n'est peut-être pas futé, mais les films qui le mettent en scène tiennent plutôt bien la route.
Alors quand un réalisateur aussi malin que Jim Jarmush s’empare du genre, on est en droit de s’attendre à un résultat qui dépote. Surtout que le cinéaste américain invite pour l'occasion un quatuor de véritables, et au demeurant sympathiques, vieilles carcasses : Bill Murray à l'assurance old school pépère, Tom Waits en ermite écolo, Steve Buscemi en vieux réac et Iggy Pop qui s'amuse visiblement de sa nouvelle tête de déterré. Oui, Jarmush donne le sentiment d'avoir voulu se faire plaisir avec une bande de vieux potos et de stars du moment (Driver, Selena Gomez) pour rajeunir l'ensemble.
Mais quid du scénario ? Dans The DDD la terre se détraque. La faute à une fracture polaire dont on ne saura pas grand chose si ce n'est que les humains ont à nouveau joué aux cons. La Terre est toute chamboulée et nous renvoie à la figure tous les morts qu'elle abritait. Bon, après tout pourquoi pas. Face aux trumpitudes climatosceptiques et fossilo-carbonées, il n’y a pas de vains combats. Jarmush entend bien nous faire peur,- ou rire ? - mais intelligemment et écologiquement.
Et c’est là où la déception est au rendez-vous. Non pas en termes d'intelligence car le film ne manque pas de bonnes idées mais en termes d'émotions fortes.
Car d'abord le film est tout mou. Passée la première demi-heure, on ressent nettement un problème de rythme. Un tempo qui fonctionnait très bien dans Paterson, film sur l'amour de la poésie, mais qui génère cette fois-ci un certain ennui. Ce qui est plutôt mortel pour un film de zombies.
Quant à l’humour, il tombe souvent à plat. Il y a certes quelques gags amusants ici ou là : des clins d'oeil à la (Iggy) pop culture et un jeu avec les codes du genre poussés à leur extrêmes. Mais dans l’ensemble cela reste assez poussif. On en vient presque à regretter l’ironie mordante de Busan ou de Bienvenue à Zombieland qui, sans être de grands films, contrairement à celui de Jim, faisaient le job.
Pour autant The Dead don’t Die réserve quelques jolies surprises qui m’empêchent raisonnablement de le décapiter comme un vulgaire navet.


Personnages/interprétation : 6/10
Scénario/histoire : 5/10
Réalisation/mise en scène : 6/10


6/10

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le 16 mai 2019

Critique lue 2.9K fois

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Theloma

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