L'ambition du film de Guy Ritchie est montée d'un coup. Spectaculaire inflation d'acteurs connus dans cet opus mais recette inchangée.


Les voyoux, toujours des voyoux, travaillent dur, très sérieusement et règlent leur compte très salement. Mais ils se hissent ici bien au dessus de la plèbe quand même. On est face à des parvenus du crime.
Ils vivent dans des intérieurs merveilleux. Ils s'habillent de façon raffinée. Ils parlent de façon élégante. D'ailleurs ils parlent beaucoup. C'est la méthode habituelle et elle est superbe.


Ce qui est ingénieux ici c'est la mise en abime du film dans lui même. Hugh Grant voyoux miteux, pleutre et un tantinet tapette, dessine un chantage qu'il présente comme un scénario à sbire de Mickey Pearson, le baron de la drogue douce, joué par Matthew McConaughey - qui s'amuse follement, et c'est le scénario du film. L'idée est géniale.
On suit les explications de son plan, et on visualise l'organisation du baron de la Marie Juana. Comme celui-ci a organisé la production en aidant des nobles fauchés par les taxations et trop contents de louer chèrement leur terre pour y enfouir des laboratoires. Comment il s'apprête à vendre son empire au plus offrant malgré les menaces d'une organisation chinoise.


Le film se délecte de ses bandits embourgeoisés qui traversent la campagne en Range Rover comme des nobles mais finalement se battent comme des crapules.
La femme de Matthew est le parfait exemple. Avec ses Louboutin elle sort de sa voiture "tunee" pour rentrer dans son business d'amélioration de voitures sportives sur-vitaminée. Elle gère son équipe avec fermeté. Tout le monde trouve sa place mais personne ne moufte. Ça c'est quelque chose de très jouissif.
Et ça se double d'une formation de business school. Voir ce film c'est faire un MBA en accéléré.
On flirte un peu (beaucoup) avec la caricature mais que c'est drôle.


Mais revenons à Hugh. Le gros malin n'avait pas tout prévu.
Car il manquait dans un film de Guy Ritchie, un groupe de voyoux à l'accent cockney, qu'on peine à comprendre, et qui est plein de principe. Ce groupe qui perturbe les plans les plus ciselés.
Le monsieur loyal de Gentlemen est Colin Farrell. Coach de boxe, une coupe courte de militaire, les tempes grises qui dans une tenue de jockey qui rappellerait celle d'Elmer le chasseur se comporte comme un vieux sage maitre du kung fu. On l'appelle d'ailleurs "Coach". Il se trouve embarqué malgré lui par ses jeunes qui dépouillent un atelier de Mickey Pearson. Et la grandeur, il vient s'excuser et propose ses services pour dédommagement.
Le film embarque alors une équipe de jockey boxers, qui apporte son lot comique tant ils sont incontrôlables jusqu'à l'absurde - une scène avec une truie qui laissera des cauchemars indélébiles pour preuve.


Je retrouve avec énormément de plaisir cette formule de film de voyoux. J'en sors toujours épaté par la forme, sérieuse et drôle, même si le rythme ne tient pas toujours la longueur.

OlivierBretagne
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le 9 févr. 2020

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