Ceux qui ont vu l’excellent You’re next connaissent Adam Wingard, son obsession pour tout ce qui sectionne, coupe, tranche et son talent pour contourner des budgets a priori extrêmement réduits. Ceux qui ont suivi la très british Downton Abbey (au moins les premières saisons…) connaissent Dan Stevens, son profil de gendre idéal et son merveilleux jeu de jambes. Les premiers, comme les seconds, pourraient être inquiets de les voir s’associer dans un thriller d’action lorgnant dangereusement vers de la série B testostéronée sans grande ambition. Ils auraient tort.
The Guest est bien plus que ça, c’est un mélange de genres confinant parfois au grand guignol – surtout dans sa dernière partie – mais recherchant en permanence à satisfaire les instincts les plus débridés de fans facilement blasés. Rien de convenu ou de prévisible dans ce film, même si le récit reste très cohérent malgré une histoire et des personnages peu crédibles. Personnages dont les réactions défient d’ailleurs la logique mais jamais le plaisir du spectateur, le scénar enfilant les clichés pour mieux les parodier : l’action succède au suspens, l’horreur à l’action. Transbahutés ainsi dans tous les registres, on pourrait avoir le tournis. C’est sans compter sur la maîtrise d’Adam Wingard pour mener cette barque bien chargée sur le haut de la vague vers un épilogue n’importe nawak qui en décevra certain et réjouira les autres.
The Guest est donc davantage que l’histoire d’un ancien soldat, surentraîné et un peu louche, qui rend visite à la famille d’un de ses compagnons d’arme tué au combat, c’est l’histoire d’un réal doué en mixologie tentant avec succès une recette déroutante et euphorisante. Et même si quelques problèmes de rythme viennent un peu assombrir ce tableau idyllique, il n’en reste pas moins que le trip est original, simple et funky.
Pourquoi regarder : parce qu’il vous reste de la bière au frigo. Et que vous n’avez aucune raison de ne pas la boire.
Pourquoi ne pas regarder : parce qu’Adam Wingard n’est pas très subtile (juste efficace).