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La première partie est de loin la plus intéressante. On y sent Scorsese comme un poisson dans l'eau avec cette Amérique des années 60/70, grosses bagnoles et pubs mal famés, dans ce Little Italy qu'il connait par cœur pour y avoir grandi. Il y a du Coppola dans ce scénario mêlant affaires mafieuses et questions d'honneur sur fond d'amitié virile. The Irishman s'avère plus nuancé, moins manichéen que ses précédents films noirs, le réalisateur des Affranchis abandonnant le verbe outrancier et le tempérament nerveux caractéristique de ses personnages de mafieux : De Niro, excellent en homme de confiance aussi discret qu'efficace, Al Pacino tout à fait à l'aise dans la peau de Jimmy Hoffa le puissant chef du syndicat des routiers amateur de crème glacée et surtout Joe Pesci magnifique dans le rôle tout en retenue du "parrain" Russell Bufalino. Il manque à mon goût un personnage féminin "fort" là où les quelques femmes présentes dans le scénario se contentent de rôles de figuration. Mais ceci étant une constante dans le cinéma de Scorsese on ne s'en étonnera guère.


Côté réalisation, Scorsese fait certes du Scorsese mais semble lorgner vers Tarantino lorsqu'il ponctue son récit de conversations à la mords-moi-le-noeud aux moments les plus incongrus. Ou par des répliques savoureuses : "Il parait que vous repeignez des maisons ?" (sous entendu qu'"avec vous, c'est du saignant !"). Une mise en scène toute en variation dans ses effets (flashback, cadrages inspirés, bande son aux petits oignons...) et un rythme tranquille qui semble prendre la mesure des 3 heures et demi que dure le film.


Arrive alors la partie "arthrose". La mise en scène, à l'image des vieillards dont il est question, perd soudain toute vitalité. Le récit s’appesantit sur la fin de vie des différents protagonistes dans une dernière heure qui n'aurait rien perdu à faire moitié moins. Les règlements de comptes continuent de ponctuer le récit mais avec un sentiment de répétition qui finit par lasser. Ça tire toujours, à petits ou gros calibres, mais ça tire aussi en longueur et la fin nous laisse quelque peu indifférents.
Un bon film malgré tout.


Personnages/interprétation : 8/10
Histoire/scénario : 6/10
Réalisation/mise en scène : 8/10


7.5/10

Theloma
7
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le 30 nov. 2019

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Theloma

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