The Master par Léonard Tarquin
Revu hier soir pour la deuxième fois. Je me suis rendu compte à quel point P.T Thomas Anderson faisait du cinéma. Cela sonne un peu évident, mais ce que mon regard passionné et rêveur ressent à la vision de "The Master" ne me trompe pas. Innombrables tentatives (toutes ne sont pas réussies) de mise en scène ambitieuse, de jeu sur le temps, l'espace, le son... Envolées lyriques, scène intimistes, dialogues au cordeau, tant de choses réunies qu'il est rare de trouver dans un seul et même film. Le réalisateur semble être à la hauteur de ses ambitions et c'est d'ailleurs ce qui agace et gêne ses détracteurs. Ce mec respire le cinéma et nous le fait ressentir à chaque plan, ce qui est parfois prit pour de la prétention... Bref, là n'est pas le vrai sujet de cette critique.
The Master, donc. Ou l'histoire d'une rencontre entre deux hommes. Deux mondes, Deux personnalités. Et deux immenses acteurs. Finalement, le schéma se dessine assez vite, et de Boogie Nights à There wille be blood en passant par Magniolia, le fil rouge reste le même. Qui domine qui ? Qui est le maître de l'autre ?
Vendu trop vite comme un film sur la scientologie, ce n'est, en vérité, que l'histoire du faible lien qui sépare l'amour de la haine. Bien sûr, le contexte est là, et tout ça n'est forcément pas un hasard, mais Anderson arrive vite à nous faire oublier "l'autour" du film, censé, peut-être, attirer les spectateurs en manque de scandales ou d'affaires douteuses. Ce seront les premiers déçus...
Joaquin Phoenix campe un personnage à la hauteur de sa fragilité, de sa fébrilité, et Phillip Seymour Hoffman, même s'il en fait parfois un peu trop, nous offre une incroyable performance. Je n'arrive pas à vous parler du déroulement du film, en soi peu révélateur de l’expérience qui nous est donnée, mais je peux vous dire à quel point le film, même dans ces faiblesses, attire l’œil dans tout les coins de l'écran. On a l'impression de regarder, lors de certaines scènes, un grand film hollywoodien des années 50, un Sirk, un Minnelli... Je ne mâche pas mes mots, certes mais je pense sincèrement que The Master n'est qu'une étape dans la belle oeuvre à venir. J'ai hâte de découvrir son prochain film. Et tous les suivants.
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