On aime Jaume Collet-Serra pour l’aspect ludique de son œuvre pensée comme une vaste montagne russe au terme de laquelle demeure l’impression des secousses ressenties et de la qualité de l’attraction. Liam Neeson de nouveau présent. Cette fois le jeu de piste ne se tient plus ni dans une ville ni dans un avion ; un train offre à Collet-Serra l’occasion de changer de plateau de jeu pour aborder une réalité quotidienne mobilisant une pluralité de types sociaux-culturels, et c’est justement là que réside l’intérêt de The Passenger. Ou comment faire naître le suspense dans un cadre familier. S’enchaînent les retournements dignes des plus abracadabrantes séries consommées sur les portables, s’installe un jeu de chat et de souris qui pousse chacun à relever la tête de son écran coloré pour participer pleinement à cet escape game grandeur nature. Les journaux qui traînent un peu partout sont utilisés pour recouvrir les fenêtres, l’état d’urgence permanent sert au protagoniste pour avancer dans sa quête. Autant dire que le réalisateur a parfaitement restitué le cadre réaliste porteur de son récit, auquel il confère sa patte bien connue ici assez grasse voire contre-productive. Les scènes d’action fonctionnent mais sonnent quelque peu en toc, tout comme cette fâcheuse tendance de recourir à une pluie d’effets visuels assez laids quoiqu’efficaces. Et c’est dans ce chaos ambiant, ce « train de l’enfer », que s’étouffe l’ambition première d’inscrire le récit dans un réalisme quotidien ; l’ensemble s’avère trop retord pour pleinement convaincre malgré la bonne prestation des acteurs. On ne croit pas une seule seconde à cette histoire. Dommage car suivre l’errance de la sacoche en cuir de Liam Neeson s’avérait suffisamment original pour jouer la carte du thriller à échelle humaine sans qu’un héros n’interrompe la partie. Si Jaume Collet-Serra veut surprendre, il lui faut désormais changer une recette qu’il reproduit certes avec talent mais dont les saveurs sentent quelque peu le réchauffé.