La Fox tente de relancer (encore) une de ses vieilles franchises. Ok, pourquoi pas mais ça ne sent pas super bon.
Shane Black (déjà scénariste sur l’œuvre originale de John McTiernan, en plus de tous les supers trucs qu'il a pu faire par la suite) se colle au scénario et à la réal. Ok, c'est prometteur.
The Predator, au premier abord, inquiète donc autant qu'il nous laisse espérer le meilleur. De cette bataille entre le chaud et le froid ressort une déception, pas totale, mais bien présente.


Si on devait le classer, The Predator serait un film d'action/comédie horrifique. Comédie car la Shane Black Touch en terme de punchlines débiles et de personnages bigger than life est bien présente; action parce que... action; horrifique parce que le gore n'a pas été mis de côté. D'où une impression de film un peu "sale gosse" dans la mesure où il va juxtaposer une imagerie franchement cradingue avec des vannes venues tout droit de la cour d'un collège.
Tout ceci pour dire que Black a malgré tout réussi à laisser sa patte sur le projet, ce qui en fait par définition un film d'auteur, ou tout du moins une grosse production auteurisante. Cela n'en fait pas automatiquement un bon film (clairement pas dans le cas présent), mais cela a le mérite d'en faire un film intéressant à analyser. On est loin du blockbuster réalisé par un robot sans personnalité.


Du point de vue de l'écriture, on regrettera tout d'abord la présence de BEAUCOUP trop de personnages lancés par ailleurs très rapidement dans l'intrigue. C'est par moment brouillon et cela nuit énormément à la caractérisation des persos secondaires (faute de temps), même au sein de notre groupe de héros. Le meilleur réside néanmoins au sein de ce groupe, où chacun, à des degrés divers, a droit à son arc narratif complet, pouvant mener à de très belles conclusions en fin de film. Le casting est par ailleurs impeccable, avec des gueules comme Black les aime. On a envie de dire "dommage", ils auraient mérité plus de temps pour s'exprimer.
Le plus gros point noir dans l'écriture réside dans cette lutte palpable entre les velléités de Black et celles de la Fox, désireuse de préparer le terrain pour des suites. La scènette finale est extrêmement mal intégrée au tout et ne sert littéralement qu'à annoncer une suite, au point à laisser l'impression que le film se termine trop tôt. Clairement, le "OG Predator" de McTiernan avait le mérite de rester simple dans son intrigue sans être simpliste, en cantonnant son propos à un combat tribal entre un bodybuildeur autrichien et un alien invincible, le tout servi par une mise en scène de haut vol. Le projet qui nous intéresse va quant à lui voir plus grand quitte à donner des motivations "politiques" aux Predators qui ne correspondent pas à ce qu'ils sont (ou sont censés être) : de simples chasseurs. Enfin, on notera un développement du bestiaire de la franchise avec des chiens et un uber-Predator, tous sous-exploités, dans le sens où ils sont juste plus gros et plus forts. Pas terrible. D'autant plus qu'il y a tout un background esquissé pour le uber-Predator qui ne trouve pas son pay-off (dans une suite, assurément...). On appréciera quand même la volonté de Black de développer l'univers en opposition au remake non-assumé que fut Predators il y a quelques années. C'est bien d'avoir tenté, en somme.


Formellement, le film ne fait pas non plus l'unanimité. Si les scènes d'action ont le mérite d'être à peu près lisibles et plutôt bien montées (je plébiscite la séquence finale qui relève le goût de l'ensemble, c'est assez rare pour le signaler), les séquences de dialogue sont d'une platitude qui vous mèneront aux portes du sommeil. Encore plus fort, le tournage s'étant déroulé sur la durée avec de nombreuses séances de reshooting, on voit le fils du personnage principal changer physiquement d'une séquence à une autre.


The Predator par Shane Black, c'est donc ce film que l'on veut apprécier mais qui se traine des boulets beaucoup trop gros pour qu'on puisse fermer les yeux. Shane Black, même en imprégnant le film de sa personnalité, n'est pas exempt de tout reproche. C'est néanmoins ce qui attise la sympathie pour son film, car en dehors de ça, on répondra un bon gros "OSEF". Ce qui est déjà infiniment mieux que les deux Alien Vs Predator.

remimazenod
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le 21 oct. 2018

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Rémi Mazenod

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