Dans un premier temps, j'ai été agréablement surpris. Dans un second temps, j'ai été désagréablement surpris.


Je ne savais pas grand chose du film, j'avais juste entendu dire que ça parlait de l'art contemporain mais aussi de notre société. J'ignorais donc tout de l'intrigue du vol qui pour moi est l'intrigue principale. Elle est très intéressante et rend tout ce qui concerne l'art assez absurde. Tout comme le monde. Il y a constamment un jeu de la performance, depuis le vol jusqu'à la scène du 'singe'.


Mais il y a aussi des choses bizarres. Le thème des mendiants me laisse perplexe ; dès le début on sent la volonté de montrer aux spectateurs les mendiants pour qu'on leur vienne en aide. Je trouve ça assez bizarre. C'est limite de la propagande ; vous me direz, tout film est la propagande d'une idée, aussi subtile soit-elle développée. Ici, il n'y a aucune réflexion là-dessus, il faut juste les aider sans réfléchir ; il n'y a aucune subtilité non plus, rien n'est développé, la présentation est sans nuance.


C'est bizarre, parce qu'arrivé à la moitié du film, on perd beaucoup d'humour, on entre un peu plus dans le drama. Les bonnes scènes se font de plus en plus rares, aussi. On sent l'auteur un peu dépassé par son ambition. Il a beaucoup de choses à dire sur notre société... mais il le dit mal. On ne voit pas toujours le lien entre toutes ces scènes, toutes ces façons de dire combien nous agissons mal. Même la métaphore du carré me paraît mal employée au travers de ses nombreuses apparitions (le plan des escaliers à la fin par exemple) ou trop évidentes et en même temps pas tellement connectées avec le reste (les pom-pom girls qui sont briefées par un coach qui avait peur que le spectateur ne pige pas).


En fait, je trouve qu'il y a beaucoup moins de scènes mémorables dans la deuxième moitié. Il en reste, mais pas beaucoup. Et puis il y a la scène du 'singe'. Elle est géniale. Mais... je ne vois pas l'intérêt de l'avoir mise dans le film. Je comprends le rapprochement par rapport aux thèmes abordés, mais ce n'est pas tellement connecté. Je pense que cette séquence aurait dû être vendue à part, comme un bonus, un court-métrage accompagnant le long-métrage.


Au niveau de la structure, il aurait été intéressant de revenir plus souvent à l'intrigue du vol ; il y a des moments où on se sent vraiment perdu, on ne sait pas trop où on va, on a l'impression qu'on a changé de film et on attend d'avoir des indices sur les objectifs principaux (la romance par exemple).


La mise en scène est soignée, réfléchie. Pas tant que ça par rapport à l'utilisation du carré, je pense, je pense aussi à d'autres plans moins pertinents, comme un pano du type dans sa cuisine, pour aboutir à sa réflexion de dos. Le film est bien rythmé, même lorsqu'un plan dure, il se passe suffisamment de choses à l'écran pour ne pas s'ennuyer (les 50 premières minutes m'ont paru n'en durer que 20). La photographie est plaisante, sans jamais être maniérée. Les acteurs font du très bon boulot. Je trouve ça un peu malheureux de mettre en avant les stars américaines quand elles n'ont qu'un si petit rôle mais bon. Tous jouent bien. Et le thème musical principal est plaisant, même si sur la fin j'en ai eu marre, mais ça c'était plus à cause de la baisse de qualité du film de manière générale.


Bref, le film est très bien durant sa première moitié, puis tombe bien bas malgré quelques fulgurances ici et là. Au début j'étais surpris d'être en accord avec Cannes et puis, arrivé à la fin, j'ai compris pourquoi le film avait récolté tant d'éloges, des raisons qui m'exacerbent. C'est dommage ç'aurait pu être un film vraiment chouette si l'auteur avait eu un peu plus de couilles et qu'il avait maintenu le ton de la première moitié.

Fatpooper
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le 9 mars 2018

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