"One of them fellas is not what he says he is."

Titre faisant référence au film “The Hateful Eight“ de Quentin Tarantino…


Hop, petit message au début pour dire que je spoil un peu…


Voilà, enfin une nouvelle critique (oui enfin elle est extraite d’un dossier que je devais faire pour mes cours, donc si je parle pour ne rien dire c’est normal ^^Et puis autant que ça me serve encore un peu donc en gros j’ai tapé mon meilleur copier-coller^^), et qui plus est, sur un de mes films d’horreurs préférés réalisé par…

Un Pilier du genre :



Alors, il y a plusieurs types de films d’horreurs et le sous-genre qui va nous intéresser est celui du “fantastique“, c’est-à-dire que l’intrigue du film se passe dans le monde réel, mais des événements, des phénomènes surnaturels vont le faire basculer dans le fantastique : des esprits vengeurs, des zombies, des créatures venues d’ailleurs…C’est un genre très apprécié et le plus souvent prisé par le public. Nous pouvons citer de nombreux réalisateurs talentueux comme Paul Schrader avec “La Féline“, Alfred Hitchcock avec “Les Oiseaux“, William Friedkin avec “L’Exorciste“, Stanley Kubrick avec “Shining“ ou encore, plus récemment, James Wan avec les “Conjuring“…


Mais il y a bien un nom, très important pour le genre de l’horreur au cinéma, un pilier du genre, que l’on a omis de cité : c’est celui de John Carpenter. Un réalisateur de renom qui a connu son premier succès en 1978 avec “Halloween : La Nuit des Masques“. Après ça, ses films connaîtront des succès critiques et commerciales, si bien que lorsqu’on parle du bonhomme bon nombre de ses films arrivent dans la conversation tels que Christine, Fog, Invasion Los Angeles,…Mais John Carpenter, c’est aussi et surtout…



The Thing :



Sorti en 1982, ce film est le plus souvent érigé comme étant LE film de Carpenter, son chef-d’œuvre autrement dit. Pourtant, le réalisateur connu, pour la première fois, un échec critique et a été très mal accueilli par les spectateurs. Ce succès, arrivera bien plus tard grâce à sa sortie vidéo et sa diffusion à la télévision…
Carpenter est un réalisateur indépendant et “The Thing“ est son premier film à gros budget pour un important studio de production.


« J’ai été attaqué par l’ensemble des critiques, par les fans, et le studio n’était bien évidemment pas satisfait... C’était la première fois que je devais subir une telle pression. »


En effet, ce film est un remake de “La Chose venue d’un Autre Monde“ sorti en 1951 et réalisé par Christian Nyby, adapté du roman très influent “La Bête d'un autre monde“ de John W. Campbell, paru en 1938. Ce film a connu un grand succès et est considéré comme un classique du genre. Le film de Carpenter a vu le jour pour proposer, non pas un véritable remake, mais une adaptation plus fidèle du roman…


A noter, que le film est le premier d’une trilogie composée de : “Prince of Darkness“ (1987) et “In the Mouth of the Madness“ (1994)… Une trilogie qui parle, tout simplement de la fin absolue du monde et qui met en scène une menace surnaturelle, qui va se manifester tout d’abord à petite échelle et qui va en réalité, peser sur l’humanité entière, ce qui va rendre les personnages en proies à la folie…



Court Résumé du film :



“The Thing“, met en scène un groupe de scientifiques dans une base perdue au beau milieu de l’Antarctique. Un jour, des Norvégiens débarquent chez eux en poursuivant un chien de traîneau. Ne voulant pas baisser les armes, ils sont abattus. Le groupe accueille le chien, mais ce-dernier se révèle être une créature extra-terrestre qui en a pris la forme. Les scientifiques s’en rendent compte et l’éliminent, mais le doute et la panique vont vite les gagner…La créature a pris possession d’un des scientifiques, mais qui et comment le savoir ? MacReady va prendre les choses en main, mais les événements vont très rapidement devenir hors de contrôles à cause de la paranoïa naissante des survivants et de la Chose en elle-même…



Un film culte :



“The Thing“ de John Carpenter est un chef d’œuvre du genre et ce grâce à des acteurs d’exceptions : Kurt Russel et son charisme en tête d’affiche est vraiment convainquant. Le reste du cast est très bon également, toujours juste, notamment Keith David qui va nous offrir avec l’acteur principal un face à face très réussi. Une intrigue intéressante, prenante de bout en bout et même surprenante à certains moments, une musique et une photographie soignée et des effets spéciaux de très bonne qualité. Si à sa sortie, le film s’est fait descendre du fait de son nihilisme et de ses visuels répulsifs, ce sont ces-derniers qui lui ont permis de perdurer dans le temps, de rencontrer le succès qu’il méritait et ainsi devenir, aujourd’hui, un classique du genre. Le film vieillit bien et le nouveau public peut le regarder sans aucuns soucis, puisque tout ce qu’entreprend le film pour produire la peur, fonctionne toujours…Accessible, efficace et terrifiant, des décennies plus tard. Mais comment cela est-il possible ? C’est ce que nous chercherons à savoir à travers une analyse du film…


« Il n’y a que deux bases aux films d’horreur, deux choses très simples : le mal est autour de toi, et le mal est à l’intérieur de toi… »
John Carpenter



L’Isolement et l’Enfermement :



Tout d’abord, ce que l’on peut remarquer, c’est que l’intrigue prend place dans une base en Antarctique. Le film est donc un huis clos. Les scientifiques vont donc devoir cohabiter... En effet, “Big John“ utilise les peurs primaires pour perturber le spectateur : L’Antarctique…Certainement un des environnements les moins hospitaliers du globe : une température moyenne de -60 °C, un véritable désert gelé, un enfer blanc…Et rien ni personne pour nous sortir de là en cas de problèmes. Et cela on le voit lors des nombreuses répliques de Windows, rappelant qu’il ne capte rien :


« Je crois bien que personne ne parle plus à personne sur ce continent… »


Une autre peur primaire : L’isolement, la Solitude, que l’on peut constater avec plusieurs plans d’ensembles sur la base qui paraît minuscule face à un environnement si vaste tel que l’Antarctique. De plus, la base la plus proche et très certainement le seul moyen pour eux de trouver de l’aide se trouve à une heure de leur base. Aussi, nous comprendrons très rapidement que cette équipe n’aura plus aucune utilité, du fait qu’elle n’existe plus. Ils sont désormais véritablement seuls, abandonnés à eux- mêmes, face à un danger dont ils ignorent encore l’existence et face à une nature dévastatrice…


En effet, les scientifiques seront confinés, entourés par un monstre, identifiable cette fois-ci : la neige, le blizzard. On remarque, également dans ces plans d’ensembles que la base est recouverte de neige : On pourrait y voir, une sorte de prémonition…Ils vont se faire envahir. Carpenter en fait un personnage à part entière, un danger, une menace au moins aussi importante que la créature, puisqu’on ne peut la combattre et encore moins l’éliminer. Et cela se comprend lorsque MacReady revient dans la base, par effraction, forcé de rester dans le blizzard. Même le héros de l’histoire, celui qui prend les choses en main est affaibli et menacé par le froid. De plus, lorsqu’on les voit se démener pour marcher quelques mètres en pleine tempête, on comprend qu’il n’y a plus aucune échappatoire, ils sont condamnés à rester enfermer dans la base et à cohabiter avec des membres de plus en plus hostiles…



Claustrophobie et Oppression :



Les décors du film sont eux aussi très bien pensés de façon à rendre tout d’abord l’intrigue crédible. En effet, le film est éclairé de manière réaliste et naturelle, c’est-à-dire par des lumières blanches, donc : pas d’ambiances particulières. Mais ce sont surtout ces espaces étroits qui vont provoquer cette claustrophobie : les longs couloirs, les pièces restreintes. Les personnages sont confinés. D’ailleurs, Dario Argento va confier lors d’une interview :


« Si je prends un couloir un peu étroit et long et que je le parcours avec ma caméra en faisant un travelling en mettant une musique particulière, ça fait plus peur qu’une scène d’homicide. »


Et c’est exactement ce qu’il se passe pendant quelques secondes, en caméra subjective lorsque l’on apprend que Blair, un docteur qui a été isolé du reste du groupe, s’est enfuit. Cela introduit un malaise chez le spectateur qui sera accentué par la musique minimaliste mais extrêmement efficace au synthétiseur que l’on peut assimiler à un battement de cœur. Un morceau composé d’une répétition d’un seul et même motif, comme dans “Christine“, par exemple, qui vient créer une ambiance dérangeante et qui annonce une menace. La musique du film, à l’instar des décors, rend l’intrigue crédible. Des morceaux sobres et discrets signés Ennio Morricone.



Analyse de séquence :



L’Homme pourrait finalement être le véritable danger, être le monstre. Pour le démontrer, je vais m’attarder sur la célèbre séquence dite du “test sanguin“. Cette scène est importante dans l’intrigue du film : les personnages ont trouvé un moyen de découvrir qui est qui. MacReady revient du blizzard, bien déterminé à en finir. Il désarme ses compagnons et prend le contrôle des opérations…



La Maîtrise du Suspens:



Dans ces films, Carpenter, réussit à gérer le suspens et à créer des moments de tensions efficaces. “The Thing“ ne fait évidemment pas exception. On peut le voir au début du film par exemple, lorsque la chose, métamorphosée en chien entre dans une pièce pour éliminer un personnage, ce-dernier ne sera pas identifier par le spectateur, seul son ombre nous sera dévoilée, pour alimenter la paranoïa du public.


Dans cette séquence, nous allons retrouver une lumière réaliste, pour créer une crédibilité, pour marquer le contraste entre le réel et le fantastique et ainsi réussir l’apparition de la créature. De plus, la musique du film est inexistante. La tension augmente grâce aux nombreux silences de la séquence. Les seuls sons que l’on peut entendre sont le blizzard, un bruit sourd pour rappeler aux personnages et au spectateur qu’ils sont entourés et qu’ils sont obligés de rester à l’intérieur, des bruits de fond et les répliques des personnages et notamment leurs cris, afin de créer une ambiance pesante. Tout cela afin de retranscrire un environnement crédible, donc, tout en instaurant un malaise chez le spectateur. Nous pouvons associer ceci à « L’Inquiétante Etrangeté » de Freud, qui se décrit comme la sensation que l’on ressent face à un objet, une situation du quotidien qui nous mettrait mal à l’aise. Sensation globalement ressentie face à tout ce dont on ne sait pas si c’est vivant ou mort. Ici, on se demande, avec ces nombreux gros plans sur chaque personnage, si , justement, l’être humain est encore vivant (ouais c’est peut-être un peu tiré par les cheveux je vous l’accorde). Vient alors, l’angoisse…Nous retrouvons également cette claustrophobie. En effet, la majorité des plans sont des gros plans, des plans serrés, donc. La plupart des plans ne présentent qu’un seul personnage. Cette façon de filmer étouffe l’action et donne au spectateur l’impression d’être avec ces personnages, confinés, enfermés et piégés…
John Carpenter, astucieux, nous met sur de fausses pistes pour mieux nous surprendre : Dans cette séquence suspense et surprise, deux notions différentes, sont à l’image.


« La différence entre le suspense et la surprise est très simple. Nous sommes en train de parler, il y a peut-être une bombe sous cette table et notre conversation est très ordinaire, il ne se passe rien de spécial, et tout d'un coup, boum, explosion. Le public est surpris, mais avant qu'il ne l'ait été, on lui a montré une scène absolument ordinaire, dénuée d'intérêt. Maintenant, examinons le suspense. La bombe est sous la table et le public le sait, probablement parce qu'il a vu l'anarchiste la déposer. Le public sait que la bombe explosera à une heure et il sait qu'il est une heure moins le quart - il y a une horloge dans le décor ; la même conversation anodine devient tout à coup très intéressante parce que le public participe à la scène (...). Dans le premier cas, on a offert au public quinze secondes de surprise au moment de l'explosion. Dans le deuxième cas, nous lui offrons quinze minutes de suspense »
Alfred Hitchcock.
En effet, ici, le spectateur sait que la Chose est dans la pièce, il sait que l’un des personnages n’est pas ce qu’il prétend être. Il a été préparé avec plusieurs scènes de métamorphoses inattendues. C’est le suspense. Mais il ne sait pas qui est l’intru. Comme dit précédemment, “Big John“ nous a conduit sur de fausses pistes, a créé de faux ennemis pour, une nouvelle fois, réussir l’apparition de la créature…



La Surprise :



…Prenons l’exemple de Clark : Après la perte de ses chiens, son comportement est devenu soupçonneux. Il est logique, pour le spectateur, que la Chose ait pris le contrôle de ce personnage, puisqu’il s’est occupé des animaux. Sa diction est étrange ainsi que la façon dont il s’approche de MacReady. Enfin, ces plans, avec une demi-bonnette, où on le voit tenir un couteau n’arrangent rien. Cela aurait pu être Windows. En effet, son test est bien plus long que ceux des autres (le temps s’est dilaté), le réalisateur prend le temps de faire monter la tension avec des plans alternant entre le regard inquiet des autres personnages, MacReady chauffant l’aiguille et le regard menaçant et peu rassurant de Windows. Le montage s’accélère alors de plus en plus, mais ce n’est finalement pas lui. Notre attention se focalise alors sur Childs, qui critique cette méthode et enfin sur Garry :


« Vous passerez en dernier… »


Mais, contre toute attente, c’est Palmer qui se révèle être la Chose. Celui qui s’est fait discret durant toute la séquence. C’est la surprise. Le bruit strident qui accompagne la révélation joue un grand rôle dans la volonté de surprendre et de faire peur. Un bruit qui viendra perturber le silence de la séquence. Par la suite, le montage alternera entre Palmer durant sa transformation et les autres personnages, en panique. Le spectateur va d’abord voir la réaction de ces autres personnages avant d’observer par lui-même cette abomination. Il n’y a alors plus aucun silence, et les plans, qui étaient jusqu’ici la plupart du temps, fixes, (sauf lorsqu’une menace est ressentie : par exemple quand Clark, le danger, s’avance vers MacReady avec un panoramique horizontal) vont plus se mettre en mouvement, on peut par exemple remarquer un rapide panoramique vertical lorsque la créature se projette sur le plafond. Le montage quant à lui, s’accélère au fur et à mesure que la créature attaque Windows et détruit le décor, pour agresser le spectateur. Enfin, pour marquer le changement d’ambiance, les couleurs froides de la pièce vont disparaître pour laisser place au feu, à l’ Apocalypse représenté par des couleurs chaudes. La séquence se termine sur la Chose essayant de fuir mais qui finit explosée…Cette séquence montre toute l’importance de l’écriture des personnages. Carpenter détourne notre attention une dernière fois au tout dernier moment, ce qui rend le moment plus surprenant qu’il ne l’est déjà. De plus, certains spectateurs ont pu s’attacher à ces personnages et ainsi avoir peur pour eux, ce qui renforce l’angoisse en quelque sorte. Enfin, comme souvent chez le réalisateur, le Mal était déjà présent dans le cadre avant qu’il ne se passe quelque chose…


Tout comme Hitchcock, Carpenter « joue au chat et à la souris avec le spectateur, met en place des méca¬niques, des leurres, qui conduisent son public où il le désire. On peut d'ailleurs trouver cette manipulation perverse... »
Olivier Assayas.



L’Homme est un Loup pour l’Homme :



Donc, l’Homme par son comportement se révèlera tout aussi dangereux que la Chose. Clark, aidé par Childs, essaie de tuer MacReady, par exemple. Aussi, les autres détournent l’attention du héros juste avant que la Chose soit révélée. Enfin, ils sont obligés d’être attaché…En effet, de nombreuses altercations ont vu le jour depuis la venue de la créature et donc de la paranoïa…Dans cette situation, chacun constitue une menace, du fait qu’ils peuvent basculer dans la folie à tout moment. Nous pouvons prendre l’exemple de Blair vidant son chargeur sur ses compagnons ou encore des Norvégiens au début du film, obnubilés par l’élimination du chien. De manière directe ou indirecte ces hommes sont le véritable danger. C’est leur faute si la Chose prend le dessus à chaque fois. Et pour cause, le pouvoir. MacReady prendra instinctivement le poste de chef, mais celui-ci sera contesté par Childs. Il sera symbolisé par une légère contre-plongée. Le plan où l’arme arrive petit à petit dans le cadre pour faire face à Childs montre bien cette confrontation…


Le groupe de scientifiques, jusque-là, uni et soudé, va se scinder face au danger, du fait du manque de confiance entre eux. Ils vont, par instinct de survie se séparer ou s’unir face à leur chef. Lorsque l’on ne voit qu’un seul personnage à l’écran, en gros plan, voudrait dire : Chacun pour soi. Mais, si MacReady, le chef de la situation sera toujours seul dans son plan, les autres, seront par-moments plusieurs dans un même plan. Ils finissent par perdre petit à petit leur humanité et agissent par instinct.


Ils vont douter de tout, puisque le monstre…c’est l’autre. Celui qui n’est pas comme eux. A souligner que la créature vient d’ailleurs…Là va se créer un paradoxe : Ils vont avoir peur d’une créature extra-terrestre, d’une forme de vie différente, mais en même temps, avoir peur de celui qui leur ressemble.


On pourrait voir dans cette séquence, et dans le film entier, une critique de ces personnes qui, à première vue, de l’extérieur, semblent banales, normales et envers qui on pourrait même ressentir de l’empathie, mais qui à l’intérieur, renferment, cachent en eux, un monstre abominable. On pourrait faire un parallèle avec la musique “Julien“ de Damso, où il nous décrit un homme ordinaire, mais qui, lorsqu’il révèle sa vraie nature, devient un pédophile. Enfin, on pourrait comprendre à travers ce film et cette séquence, que le Mal est à l’intérieur de chacun de nous, mais que l’on joue un rôle pour se faire accepter dans un groupe. Comme le dit l’affiche :


“Man is the warmest place to hide…“



“Horror has a face“ :



Il est donc moment de parler de ce Mal, d’un des monstres les plus terrifiants et connus du Cinéma d’horreur. Pour la conception de la créature, Carpenter décide de travailler avec Rob Bottin, un spécialiste des effets de maquillage, qui avait déjà collaboré avec lui pour le film “Fog“, sorti en 1980. Il fallait une créature jamais vue, qui ne ressemblait à aucune autre, digne du titre : la Chose. Et les résultats sont plus que satisfaisants. Bottin a fait preuve d’une ingéniosité et d’une créativité remarquable pour faire en sorte que chacune des apparitions de la créature choque le public, le dérange même. Cette abomination regroupe des caractéristiques de plusieurs êtres vivants qui sont déjà la cause de certaines peurs : on retrouve des tentacules, des pattes d’araignées, une forme d’insectes et même un monstre à têtes de chiens qui peut nous faire rappeler, Cerbère, le chien des Enfers. Dario Argento, dans la même interview va confier que :


« Pour réussir à faire peur au cinéma, il faut une très grande concentration, il faut savoir regarder à l’intérieur de soi, ses propres peurs, ses peurs profondes, et en même temps qui sont universelles.»


Et c’est exactement le cas dans ce film.


On retrouve des peurs universelles comme l’isolement, la claustrophobie et l’arachnophobie, par exemple pour la créature…


Mais ce qui importe est la manière dont nous est montré cette Chose : Si par moments, il fait soudainement intervenir la menace dans le cadre pour créer un “jump-scare“ (Blair attaquant Garry pendant le climax du film), Carpenter préfère directement mettre la menace dans le cadre sans que le spectateur ne s’y attende. C’est le cas, par exemple dans “Halloween“ lorsque Myers se découvre petit à petit dans l’obscurité en arrière-plan. Donc, le Mal est toujours à l’intérieur du cadre. En d’autres termes : pas de hors-champ…


« La vraie peur n’est pas ce que l’on craint, mais ce que l’on imagine. »
Jacques Ravenne.
Si le hors-champ et l’obscurité servent parfois de cache-misère dans les films du genre, laissant place, justement à l’imagination. Ici, aucune imagination, le doute n’est pas permis. Il n’y a rien à cacher, justement, il faut montrer cette créature et ses métamorphoses. Donc, par exemple dans la séquence du test, Carpenter montre en pleine lumière et en très gros plan la Chose. Ce qui a pour fonction de provoquer le dégoût chez le spectateur, alors que ce-dernier est encore sous le choc de la surprise. De plus, la métamorphose ne se fait pas en un seul plan, certes, à cause des effets spéciaux, mais Carpenter tire le meilleur de cette contrainte. Elle se déroule en plusieurs plans et chaque plan propose une vision encore plus troublante, dérangeante et terrifiante que la précédente. Le spectateur est alors, continuellement surpris et choqué par ces transformations extraordinaires. Et un élément rendant cela possible est cette utilisation à outrance du sang…Et cette violence est utilisé à des fins ludique, il faut divertir le spectateur évidemment. Voilà le film est gore et c’est cela qui le rend aussi spectaculaire (mais aussi détestable pour le public de 1982). Enfin, elle est utilisée pour montrer la fragilité des corps face à ce monstre, monstre qui pourrait être assimilé à un virus : Le virus du SIDA, découvert au début des années 80 soit dit en passant…On pourrait également assimiler ce film à la Guerre froide, d’où cette paranoïa… Donc, pour produire de l’horreur chez le spectateur, il faut la montrer tout simplement…


« Au cinéma, tout est sur l’écran et nulle part ailleurs. Il n’y a rien devant lui que ce qui force l’espace du cadre »
Louis Seguin.
C’est aussi et surtout, la créature la plus aboutie et réussie des trois films…



Un film Unique:



En effet, “The Thing“ est un remake de la version de 1951 et une autre version est sortie en 2011. Tout d’abord, Carpenter ne voulait absolument pas d’un homme en costume comme dans la version de Christian Nyby jugeant l’artifice trop visible. De plus, cette version a mal vieilli et les apparitions du monstre sont moins marquantes. Et c’est toujours la même. Dans la version de 1982, la créature change de forme, de visuel à chaque fois ce qui garantit l’effet de surprise. Ensuite, le fait qu’elle imite les êtres humains la rend sournoise et très intelligente. Ce que l’on ne retrouve pas dans la première version…


Ainsi la paranoïa est inexistante à l’instar de la dernière version, puisque le film prend très vite des allures de film d’actions, plutôt que d’être un véritable film d’épouvante-horreur. En d’autres termes, on a affaire à un pur divertissement.


La créature est, certes, plutôt inspirée par moments, mais elle est moins terrifiante et dérangeante du fait qu’elle soit en image de synthèse et que les effets visuels ont très vite perdu de leur efficacité…Et cela sonne faux à l’image.


Enfin, Carpenter a eu la bonne idée de ne jamais montrer la version originale de la Chose, ce qui amplifie le mystère…



Conclusion :



“The Thing“ aura su trouver son public quelques années après sa sortie dans les salles obscures et sera par la suite considéré comme un classique du genre, un grand film et l’un des plus hauts faits d’armes de John Carpenter, notamment grâce à sa fin : il ne reste que deux survivants, l’un d’entre eux est la Chose mais qui ? Un ultime face à face rempli de tension, surtout lorsque la musique retentit. De plus, cette fin pourrait encore une fois signifier que le monstre c’est l’autre, le Blanc, le Noir…( mais est-ce-que c’était voulu, je ne sais pas^^) Il aura su également affronter l’épreuve du temps et continuera d’être une source d’inspiration, comme le prouve le film “The Hateful Eight“ de Quentin Tarantino, sorti en 2015, qui met en scène John Ruth, (Kurt Russel) un chasseur de primes qui amène Daisy Domergue à Red Rock pour la faire pendre. Il fera la rencontre de deux autres personnages avant d'être contraint de se réfugier dans la mercerie de Minnie, où il devra cohabiter avec d'autres "salopards". Et durant toute la durée du film, on cherchera à savoir à qui faire confiance et de qui se méfier...


« L’émotion humaine la plus puissante est la peur. C’est l’essentiel de tout bon thriller que de pouvoir faire croire au Grand Méchant Loup pour un instant… »
John Carpenter.

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le 4 janv. 2021

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