Très chouette ce film.


L'intrigue est assez simple mais est développée tranquillement, sans se précipiter. Le film aurait pu être trop long, mais heureusement il y a de bons dialogues (les personnages sont bavards, ce qui limite les silences). Les premières répliques, un peu philosophiques, m'ont paru un peu forcées, mais pour ce qui suit, ça se déroule très naturellement, avec une grande efficacité à la fois pour susciter le rire et pour respecter la caractérisation des personnages.


La mise en place est longue, mais l'on sent les conflits assez vite et l'objectif principal est présenté assez tôt grâce à un personnage que je qualifierai de secondaire vu son temps d'apparition (et c'est malin). Les personnages sont bien exploités tout au long du film ; le côté pathétique n'est pas trop appuyé mais aurait quand même pu être évité. Ce qui est fort, c'est cette scène du braquage, car elle permet de faire comprendre au spectateur que l'auteur n'a aucune pitié pour ses personnages et que donc, n'importe qui peut mourir, y compris les deux flics auxquels on s'est attaché. Il y a d'autres choix très intéressants, comme l'exploitation de rital dans l'affrontement final (on pourrait dire qu'il ne sert à rien).


Le choix du survivant m'a un peu déçu sur le moment, mais ça reste intéressant ; ce qui fait perdre des points, en revanche, ce sont les derniers plans, peut-être parce qu'il n'y a aucune morale dans ce film, qu'il n'y a pas de message donné par cette conclusion (on a reçu notre leçon plus tôt dans le film).


La mise en scène fonctionne très bien ; à nouveau, le réalisateur privilégie le trépied et cela fonctionne très bien, même si les personnages sont statiques. Le cadre est bien équilibré, les acteurs sont bien filmés, les décors ont de la gueule et sont bien exploités. Le découpage fonctionne à merveille, tant pour faire ressortir le comique que l'action ; sur ce dernier point, ces scènes sont aussi bien écrites que filmées, les idées sont simples, filmées simplement ; quelque part on en revient à un cinéma des années 80, on se contente de peu mais on y va à fond, pas question de jouer la surenchère avec toujours plus de spectacle. Et ça marche, que ce soit au niveau de la filature, les quelques plans du hold up, la manière de neutraliser le fourgon.


Les acteurs sont tous très bons. Vaughn est moins à contre-emploi que dans son précédent film avec le même réalisateur, mais reste impressionnant de charisme ; son duo avec Gibson est efficace, les deux se répondent très bien. Les tueurs sont cool, ils font froid dans le dos ; les blacks sont également convaincants. Et puis tous les personnages secondaires... Le travail sonore est marquant : un jeu sur le hors champ est proposé ; il y a aussi l'utilisation de la musique, de la bonne musique. Si le style de Zahler peut rappeler du Tarantino (cadre posé, longs dialogues) en beaucoup mieux, sa tracklist diffère grandement.


Bref, j'ai pris beaucoup de plaisir à regarder ce film.

Fatpooper
9
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le 2 sept. 2019

Critique lue 560 fois

4 j'aime

Fatpooper

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