"3 places pour le 26" a ceci de retentissant que c'est le dernier film réalisé par le maître de la comédie musicale française : Jacques Demy. Et dans ce dernier film, nous trouvons ni plus ni moins qu'Yves Montand. Or, s'il y a bien une star que j'attendais de voir dans ce type de cinéma, c'est bien lui, lui qui mélange si bien rigueur, charisme et humanité ! De plus, comme ce genre le nécessite, il accumule ici ses talents : la danse, le chant, l'acting. Le synopsis aussi était prometteur, avec un homme comme Demy derrière.
Et pourtant... La légèreté de ses films ne prend pas ici. Pas la faute à Montand, de toutes façons c'est rare qu'il me déçoive celui-là (même si il semble souvent fatigué, j'imagine que cela faisait parti de la direction d'acteur). Pas la faute à l'histoire aussi, simple mais claire. Enfin si, pour la fin :
Je suis gêné du fait que Montand couche avec sa fille, mais que tout le monde s'en fout lorsqu'ils s'en rendent compte. Que ce soit lui, la mère en question ou la jeune femme, sublime au passage. Ca se produit dans le dernier quart d'heure... Ça donne un goût d'inachevé.
Non, c'est malheureusement chez Demy que tout fait rouillé. Les chorégraphies, par exemple. Je suis pas fana des danses, mais même moi je ne peux que constater le mécanisme des pas ou l'absurdité de certains mouvements. Mais le reste de la mise en scène est assez poussive et bizarrement pas très inspirée, ce qui fait que le film traîne sérieusement en longueur. Et les paroles des chansons... Autant j'ai rien de particulier contre les arrangements plus rock qu'à l'accoutumée, que j'ai apprécié, mais les paroles faisant constamment et maladroitement référence aux classiques de Montand (à l'époque une star qui revenait sur le devant de la scène... jusqu'à son émission politique "Vive la crise", aha).
Mais je recommande quand même un peu le film. Déjà pour Montand. Et le visage de Mathilda May. Mais aussi pour ce je-ne-sais-quoi tout-à-fait personnel que Demy a quand même réussi à insuffler. Ce petit je-ne-sais-quoi qui devait être sa propre sensibilité, tout simplement. La dédicace du film à Agnès Varda est d'aileurs une des dédicaces cinématographiques les plus touchantes que je connaisse... Ou comment "3 places pour le 26" devient un hymne à la rigueur, au charisme et à l'humanité. Et rien que pour ces valeurs véhiculées, dans un siècle qui les oublie, le film est un moment sympa, curieux et atypique, intéressant dans son fond.