Et voilà un des rares exemples à échapper à la règle des trois (qui stipule que le troisième opus d'une oeuvre sera l'opus de trop) ! Après avoir attaqué Blanc, lui-même après Bleu, le temps était venu de boucler la boucle et de finir cette trilogie. Bon, on m'a dit que c'était le meilleur des trois. Chose que je confirme mais, cela s'est joué à un poil de babouin !
S'il faut prendre chaque film singulièrement, je mettrai d'emblée Bleu un cran au-dessus, voir même Blanc que j'affectionne particulièrement. Mais en prenant le troisième film comme la dernière pièce d'un puzzle ou plutôt comme le dernier acte d'une pièce, alors oui. Rouge est bel et bien le meilleur film de cette trilogie.
Trêve de verbiage. Kieslowski s'est complètement lâché en assumant - par la mise en exergue - le côté voyeur de Trois couleurs, alors à peine effleuré dans Bleu, et abordé à la surface dans Blanc. Ici, c'est le pivot narratif même, qui permettra d'accéder à la psychologie des actants, leur lourd vécu, leurs vies sans réellement en savoir grand chose au final, toute la subtilité de la chose. Je n'ai pas besoin de préciser que le rouge était au rendez-vous...
De toute chose, le film est en lui-même assez lent, pas forcement long mais lent. La sur-utilisation des dialogues au détriment de l'image (qui reste excellemment maîtrisée) m'a rappelé Eyes Wide Shut, bien que ce dernier soit sorti cinq ans après. Le film est lui-même une longueur, mais le tout est si bien présente et réalisé qu'on passe au travers, puisque c'en est justement le but.
Ultimement, ce qui aura eu raison de moi n'est ni l'esthétique (auquel j'ai préféré celui de Bleu) ni l'histoire même (à laquelle j'ai préféré celle de Blanc) mais bien cette séquence finale qui, sans spoiler, réconcilie trois monde et plus à la fois, amène une touche d'optimiste dans une trilogie au propos étrangement défaitiste jusqu'alors. Une solide conclusion, qui est en fait un nouveau départ !