La honte

Cela fait maintenant 2 ans que le mouvement des Gilets Jaunes a été lancé en France. Et si ce mouvement a été ponctué par de nombreuses manifestations, cela a surtout donné lieu à des violences et en particulier à des violences policières.

C'est sur celles-ci que se concentre le documentaire de David Dufresne. Et la construction du documentaire est plutôt simple :
- Un questionnement autour de la question de la légitimité de la violence chez les forces de l'ordre
- Des intervenants dont le nom et la fonction ne sont pas donnés pour que le spectateur n'ait que le discours des intervenants pour juger de la pertinence de leurs propos, qui vont parfois regarder des images de violences policières et les commenter
- Des images de violences policières, tournées par des journalistes ou par des civils grâce à leur smartphone (et attention ça fait mal)

Alors bien évidemment tout documentaire est orienté, et comme on parle de violences policières, il est plutôt évident que le documentaire va chercher à les dénoncer et ne pas mettre l'accent sur les difficultés auxquelles un CRS ou un policier est confronté au quotidien. C'est un parti pris complètement assumé et surtout, dans la majorité des cas, avoir le contexte derrière les images auxquelles on assiste ne justifierait pas la violence des forces de l'ordre à laquelle on assiste. D'ailleurs les fameux black blocks dont on a souvent parlé à la télé ne sont pas dans ce documentaire, et ce n'est pas plus mal. En effet j'ai découvert beaucoup d'images que je n'avais pas vu aux infos, et c'est important d'avoir une autre vision et pas uniquement celle des gens qui viennent piller des commerces et cramer des voitures là où les flics font leur travail.

Alors il y a quelques amalgames ici et là, ce n'est pas le genre de documentaires où on va penser que tout ce qu'on peut entendre est vrai, justifié, logique, non. On s'égare donc parfois des gilets jaunes pour parler de gens qui sont morts lors d'une altercation en banlieue, zéro contexte, on ne sait pas ce qui s'est passé, aucune image, mais les flics sont méchants parce qu'ils étaient sur les lieux au moment où ces gens sont morts... Autre point aussi, on parle peu de la notion de proportion de la violence, qui se devrait d'être clairement quantifiée lorsque policiers et civils se rencontrent dans le cas où il y a outrage à l'ordre public. Mais là encore ça me semble être un choix assumé.

Je pense que le propos est globalement légitime et que c'est bien réalisé. Et puis il y a un plan, je ne sais pas si c'est le coup de bol du siècle où s'il y a eu des retouches, mais c'est génial : c'est un plan filmé de nuit lors des manifestations, uniquement des CRS en vue. A gauche de la lumière bleue, au milieu de la lumière blanche et à droite de la lumière rouge... En tant que réalisateur avoir un plan comme ça pour son film (s'il n'a pas été retouché) ça devait être vu comme un cadeau du ciel.