Les hommes ne pensent-ils donc qu'à ça ?...


Et quelle façon plus ludique de nous le dire que cette délicieuse comédie où le déguisement masque aussi le désir ardent d'un retour à l'enfance ?
Susan était pourtant bien décidée à connaître New York, quittant son village natal de l'Iowa pour devenir enfin une femme de la ville, libre et moderne.


Et quand on a 30 ans, un visage agréable et de jolies formes, les occasions ne manquent pas, les petits boulots se succèdent mais les désillusions aussi : son ultime expérience de coiffeuse à domicile va se solder par un oeuf sur la tête destiné à calmer les ardeurs du riche client, regard lubrique et mains baladeuses.


Mais la vie est chère et le billet de retour hors de prix pour le porte-monnaie de la demoiselle, une seule possibilité: redevenir une fillette de 12 ans.
Aussitôt pensé aussitôt fait : Suzanne se retrouve propulsée en enfance, chaussures plates, socquettes et air ingénu.


Alors certes les ficelles semblent grosses et nous ne sommes pas dupes de cette transformation, mais l'idée est si charmante qu'on entre dans l'histoire, portés par le jeu de Ginger Rogers, sa drôlerie et sa fantaisie.
Comment résister alors à cette grande fillette de 12 ans qui vient se réfugier, apeurée dans votre compartiment, pour échapper à ces vilains contrôleurs qui la poursuivent?
Il est plutôt séduisant le Major Kirby, tellement gentil et tendre, mettant toute son énergie à protéger la mignonne et touchante enfant que le hasard lui a envoyée.


Situations et gags cocasses abondent dans ce premier long-métrage où Wilder déploie tout son talent, sa légèreté et sa lucidité aussi concernant ce monde de l'enfance, bien loin de la pureté et de l'innocence censées le caractériser.


Et l'on retiendra les scènes délicieusement coquines à l'école militaire peuplée de ses 300 cadets, tout jeunes adolescents, répliques en miniature des adultes, qui sous couvert de stratégies militaires et avec la plus grande courtoisie, ne songent en fait qu'à enlacer les filles, se serrer contre elles, les embrasser et plus si affinités, la jolie "Susu", si mûre pour son âge, cristallisant sur elle tous leurs désirs et leur convoitise de jeunes mâles.


Alors on adhère ou pas, on est séduit ou non : moi j'ai aimé la grâce d'une comédie portée par Ginger Rogers et Ray Milland et ce retour à l'enfance à la Wilder, une façon d'abolir d'une certaine manière la frontière entre les deux mondes.

Aurea
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le 30 sept. 2012

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le 30 sept. 2012

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Aurea

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