N'ayant pas vu le film précédent de Abdellatif Kechiche, je ne sais si la remarque que m'a inspiré la "Venus Noire" peut s'appliquer à "la graine et le mulet" ou "l'esquive".

Toujours est-il que...
La vénus noire m'a permi de contempler une nouvelle forme de longueur à l'écran.
La longueur habituelle, connue, ce sont ces plans contemplatifs, fixes, dont on se demande au bout de 10 minutes s'il va encore en durer autant (et souvent...c'est malheureusement le cas).
Voilà, ça c'est le film « normalement » long, devant lequel on se gratte les...genoux plusieurs fois, ou on contemple le plafond en se demandant distraitement s'il faudra pas le repeindre bientôt (si on est chez soit) ou s'il ne faudra pas que le propriétaire le refasse bientôt (si on est au cinéma), ou on regarde sa montre/son tel/le compteur du lecteur DVD plusieurs fois histoire de voir pour combien on doit souffrir encore, et où on pense aux corvées du lendemain, et où, surtout surtout, on espère le générique de fin avec avidité.

La Vénus noire innove.
Parce que les plans sont plutôt courts, le montage limite nerveux, et les points de vue divers. D'ou vient alors, allez-vous me demander, cette impression de longueur ?

Ce sont les scènes au sens "unité de lieux et de temps" qui sont interminables. Si elles peuvent être découpées en plus de 100 plans, c'est l'histoire qui n'avance pas. Les représentations devant le publics, nombreuses et répétitives, ou bien la visite auprès des scientifiques français, chacun de ces épisodes est étiré à l'infini. Au bout de cinq minutes sur chacune de ces scènes, on en vient à se dire: "OK, on a compris, passons à la suite". Mais non. Ça dure. Encore et encore.
Et soudain, la voyeurisme dénoncé par le propos devient partie intégrante de l'affaire. On se sent voyeur, et on en est pris de gène.

L'histoire racontée, le phénomène dénoncé, tout ça très bien.
Mais le traitement...
Un exemple ? Par son ambiance réussie, la soirée dans le milieu libertin français ne manque pas de justesse dans la description de ce que pouvait être ce genre de nuit décadente. Mais que penser du mode insistant de la réalisation qui, passé les premières minutes bascule d'un point de vu descriptif à un autre, insistant, pesant, gênant.

Ce choix, définitivement curieux, gâche en grande partie un film qui ne manque pas par ailleurs de quelques forts justes moments ou descriptions psychologiques.
Et c'est lourdement dommage.
guyness

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