Commençons tout d'abord par ce qui me semble être le principal écueil du film : sa mièvrerie. On retrouve cette sensation dans la plupart des aspects du métrage : larmoiement excessif, recours déraisonné aux gros plans, teintes pastels, plans à contre jour sur fond de bande son lancinante... rien n'est épargné.


Si cette caractéristique m'a empêché de rentrer pleinement dans l'histoire, il faut cependant reconnaitre que "Vers la lumière" à l'intelligence d'aborder un sujet doublement pertinent qui mérite de s'y pencher de plus près.


Le premier degré de l'histoire nous immerge dans l'univers de l'audio-description et des hypothétiques relations humaines qui peuvent s'y nouer. Sujet rarement traité ces dernières années qui a le mérite de nous rapeller la subjectivité totale qui affecte nos émotions artistiques.


Au travers de ce prisme narratif, le film soulève (certes un peu malgré lui), la délicate problématique du sens premier de l'art cinématographique. Si l'on considère que le cinéma ne peut se définir qu'au travers de la notion de mouvement, alors le rapport du non-voyant/ mal-voyant à cette forme artistique soulève questions. A quel point l'imagination d'un spectateur peut se soustraire à la représentation physique d'une oeuvre ?


Cette question de la "spécificité du médium" est brillamment introduite par Karim Debbache dans la vidéo suivante : https://www.youtube.com/watch?v=rLtn4rHBc9o


Sans chercher à apporter de réponse à ces interrogations, "vers la lumière" nous invite à l'humilité en rappelant que malgré une vision parfaitement valide (celle de Misako et celle de l'acteur du film décrit), les différentes interprétations d'une même scène d'un même film sont infinies.


"Vers la lumière" interroge donc, sur notre rapport au cinéma, sur notre subjectivité tout en nous rapellant qu'une émotion (ici, un regard) n'est jamais plus admirable que lorsqu'elle est indescriptible.


Notre chère langue française à beau être des plus riches, le poids des mots est relatif face à la celui des émotions.


Malheureusement le métrage ne développe pas suffisamment ces idées et les aborde avec une subtilité pachydermique doublé d'un didactisme irritant. L'envie de bien faire est perceptible et ce travail ne peut laisser indifférent.


Dans la chasse à la photographie et aux émotions, "vers la lumière" repart bredouille mais avec de belles reflexions plein la tête !

DannyMadigan
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le 12 janv. 2018

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Paul Clerivet

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