Fulgurance d’une langoureuse chute, d’un adieu au monde et à la raison, terrifiant engrenage qui saisit le spectateur alors danseur aveuglé dans une boîte de nuit pour ne le relâcher que perdu dans une rue déserte, Victoria semble incarner le désastre du temps : la brièveté d’une nuit – qui paraît parfois longue, trop longue à l’écran – suffira à marquer à jamais une vie meurtrie, à faire taire cette musique jouée quelques minutes plus tôt en compagnie de l’être aimé. De très bons acteurs sont en accord parfait avec le postulat du film, fort intéressant quoique un peu artificiel par moment, donnant lieu à une recherche de la performance cinématographique qui peut s’opposer à l’ultra-réalisme revendiqué (paradoxalement) ; la faute, certainement, à des longueurs inutiles. Il n’empêche que Victoria envoûte et emporte l’adhésion par un dernier acte prodigieux qui en justifie à lui seul le visionnage. Une expérience viscérale et unique.