J’ai toujours souhaité écrire une critique sur "Vol au-dessus d’un nid de coucou" de Milos Forman, mais je n’ai jamais su en écrire une qui me plait.

Numéro 1 de mon Top 10 films, « Vol au-dessus d’un nid de coucou est la plus belle expérience filmique qu’il m’ait été possible de vivre.

Dans un premier temps, cette beauté est amenée par un scénario fantastique, magistral, rudement bien construit. Même si Ken Kesey a toujours trouvé que Milos Forman a dénaturé son oeuvre (il n’a d’ailleurs jamais vu le film), de mon point de vue, il est parfait. Oui, parfait.
Le film s’ouvre sur un entretien en McMurphy (Jack Nicholson) et le directeur d’un asile. Le principe est simple : intégrer l’asile, et donc se faire passer pour fou, afin d’échapper à la prison.
Tout l’intérêt du film prend forme, et la lente et magnifique descente aux enfers du personnage apparaît.
Randle n’est pas fou, il le sait, il en a conscience, il est méprisant, infâme, joue au roi et pense survoler tout le monde, n’hésitant pas à juger et critiquer les autres internés.
Sans s’en rendre compte, et malgré lui, Randle McMurphy sombre peu à peu. Il se familiarise avec l’asile, ainsi qu’avec les autres malades. N’est ce pas cela être fou ?
D’autre part, le scénario nous offre une des plus belles histoires d’amitié du cinéma. Randle provoque, mais trouve plus fort que lui, Grand Chef. « Il faut répondre aux imbéciles par le silence. » Grand Chef ne lui adressera pas un mot, et pourtant, une relation fusionnelle se crée. Randle voit en Grand Chef le silence qu’il lui faut, qu’il lui fait garder pieds. Un silence apaisant, mettant parfois mal à l’aise, mais plus fort que certaines paroles.
Enfin, toujours en ce qui concerne le scénario, le film m’a offert le plus bel hérissement de poil de ma vie, partant du bout de mon orteil jusqu’au bout du plus long de me cheveux. Il est difficile de m’émouvoir au cinéma, je n’ai jamais pleuré dans une salle obscure. Et pourtant, certes, je n’ai pas versé une larme, mais la fin de « Vol au-dessus d’un nid de coucou » m’a énormément touché. Une rupture intense entre deux hommes par la pire des façons. La fin de la déchéance d’un homme. Serait-ce un spoiler de développer le sort des protagonistes ? Je ne sais pas, mais il ne faut pas trop en dire, et laisser aux spectateurs le plaisir de découvrir une des plus belles fins, pour ensuite verser une larme, ou se dire « Ouh, qu’est ce que c’est beau. »

Dans un second temps, je me dois de parler des maîtres de ce film, ceux qui en ont fait un chef d’oeuvre ultime du cinéma.
Commençons par Milos Forman, réalisateur de ce film, et scénariste, qui ne m’a jamais déçu. « Hair » m’avait beaucoup touché par sa fin fantastique, « Amadeus » m’avait beaucoup impressionné lorsque j’ai eu le plaisir de le découvrir et enfin « Man on the moon » m’a énormément plu avec un Jim Carrey hors du commun et un scénario impeccable.
À propos de Vol au-dessus d’un nid de coucou, je retiens une mise en scène, les différentes scènes de réunions, thérapies de groupe, qui nous font comprendre l’évolution du caractère de chacun des personnages m’ayant surtout marqué. Je retiendrai aussi la scène de la retransmission du match de base-ball à la télévision, où chaque fou vient s’intéresser aux aboiements soudains de Randle. Milos Forman arrive donc à parfaitement diriger ses acteurs dans ce huis-clos.
Vient ensuite Jack Nicholson, que l’ont se doit associer à Louise Fletcher, et qui sont tout simplement merveilleux. Aucun personnage ne m’a autant touché à ce jour. Cet anti-héros détestable au grand coeur face à une infirmière méprisante au coeur de pierre, merveilleuse opposition, détestons-nous, jusqu’au bout.
Mais sans les seconds rôles, ils ne sont rien. Danny DeVito est extraordinaire. Accompagnant McMurphy dans sa descente aux enfers, il est bien loin de nous laisser indifférent. Soulignons aussi Michael Berryman, avec sa gueule, « cette » gueule inoubliable.

Le simple fait d’écrire cette critique me donne envie de revoir le film. Si vous ne l’avez toujours pas découvert, si vous n’êtes toujours pas entrés dans l’asile, ne perdez pas une seule minute de plus, et laissez vous guider.
zoooran
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le 15 déc. 2013

Modifiée

le 5 nov. 2014

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zoooran

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