C’est bien la première fois que je vois un western où le personnage principal est une carabine !


Découvert grâce à l’excellent article d’Ecran Large sur les 20 meilleurs westerns selon la Rédaction – le film est à la 10e place ! – Winchester 73 est immédiatement entré dans le cercle de mes westerns préférés.
C’est le premier western d’Anthony Mann que je visionne, et assurément, je ne vais pas tarder à regarder les autres !


Il s’agit par ailleurs de la première d’une collaboration fructueuse entre le réalisateur et l’acteur James Stewart. Ensemble, ils travailleront sur cinq autres films, dont quatre westerns : Les Affameurs, L'Appât, Je suis un aventurier, et bien sûr l’Homme de la plaine (également présent dans le top d’Ecran Large).
Les deux hommes devaient se retrouver également pour Le Survivant des monts lointains, mais Anthony Mann déclina l’invitation du studio, qui confia la réalisation à James Neilson. Mann raconte que James Stewart lui en a toujours un peu voulu de cette décision.


À l'origine, Winchester 73 était un projet prévu avec Fritz Lang à la réalisation. Mais ce dernier s’éloigna du projet lorsque le studio Universal lui refusa la place de producteur. L'arrivée de Mann insuffla un nouveau souffle au film, avec de nombreuses réécritures du scénario. James Stewart quant à lui accepta le rôle suite à un deal avec Universal : sa participation dans Winchester 73 en échange pouvoir tourner Harvey, un projet plus risqué que le studio hésitait à lancer en production.


Le grand point fort du film, c’est son scénario extrêmement bien ficelé. Alors que les intrigues de westerns sont souvent assez classiques et linéaires – une quête comme dans La prisonnière du désert, une vengeance avec Josey Wales Hors-la-loi, un acte de bravoure pour Les sept mercenaires – le récit reste ici attaché non pas à un cowboy, mais à une arme, la Winchester 73, qui passe de main en main. Sorte d’objet maudit (j’ai essayé de chercher un point de comparaison avec un autre film où le récit serait centré sur un objet qui changerait tour à tour de propriétaire, mais aucun exemple ne m’est venu : si vous avez un tel film à proposer…) et point d’encrage du récit, les différents personnages gravitent autour de cette carabine, leurs trajectoires se recoupent et s’entrecroisent.


La Winchester 73, c’est la Rolls Royce de la carabine. L’outil parfait pour la conquête de l’Ouest : sûreté, précision, barillet à répétition pour ne pas perdre de temps à recharger. Elle met plus d’un an à être fabriqué, et certaines, labellisées « une sur mille » sont particulièrement réussies. Parfaites, elles s’arrachent à prix d’or et sont l’objet de toutes les convoitises.


Le récit commence avec le Marshall Wyatt Earp, personnage historique principalement connu pour sa participation à la fusillade d'O.K. Corral à Tombstone – et que l’on retrouve dans une bonne quinzaine de westerns, évidemment Règlement de compte à OK Corral de John Sturges, mais aussi l'excellent Sept secondes en enfer du même réalisateur, ou encore Les Cheyennes de John Ford avec… James Stewart dans le costume.
Sous la direction du Marshall, un grand concours de tir est organisé. Le prix, cette fameuse Winchester 73, attire tous les meilleurs pistoleros de l’Ouest.
Parmi eux, et après de nombreuses épreuves, impossible de départager les deux meilleures gâchettes, Lin McAdam (notre héros incarné par Stewart) et Dutch Henry Brown (bandit de la pire espèce joué par Stephen McNally), qui se haïssent profondément et que tout oppose.


Plus tard dans le film, nous découvrons qu’il s’agit de deux frères, formés au maniement des six-coups par leur père, tué d’une balle dans le dos par Dutch à la suite d’une dispute. Ce jour-là, Lin McAdam jura qu’il trouerait la peau de son frère parricide.


Cette rivalité entre les deux hommes est le point de départ du grand voyage de la Winchester, qui passe dans les mains tour à tour de bandits, de vendeurs d’armes véreux, d’indiens Sioux victorieux du général Costner, d’un bataillon de tuniques bleues…


Tourné en 4/3 et en noir et blanc, la réalisation d’Anthony Mann est excellemment maîtrisée. Les dialogues sont parfois drôles, parfois incisifs, et le rythme des rebondissements est toujours soutenu, du début à la dernière scène du film.
En bref, 1h30 de pur bonheur !

D-Styx
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le 9 mars 2021

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D. Styx

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