Tout juste après une incursion léonienne obligatoire (« A fistful of dynamite »), mon cycle western est revenu par « La porte du paradis » (du regretté maestro Cimino), chef d’œuvre incritiquable de ma part aujourd’hui, et « Impitoyable », western crépusculaire devenu un classique avec le temps, de et avec notre très cher Blondin du « Bon, la brute et le truand ». Mais concentrons-nous plutôt sur « Wyatt Earp », l’une de mes claques cinématographiques 2016. Tout d’abord, un point sur le réalisateur. Découvert par George Lucas, Lawrence Kasdan, qui a co-signé les scénarii de « L’empire contre-attaque » et « Les aventuriers de l’Arche perdue », se lance dans la mise en scène. En sortira « La fièvre au corps », thriller misogyne avec William Hurt et Kathleen Turner. Son succès montant et en ayant toujours la mainmise sur ses films, Lawrence écrit et réalise successivement « Les copains d’abord » (avec Glenn Close parmi tant d’autres), le western « Silverado » (doté de Kevin Kline au casting, Kasdan en fera un de ses plus proches collaborateurs) et le drame « Voyageur malgré lui », toujours avec la paire Hurt-Turner. Le suivant, son film choral « Grand Canyon », va lui apporter la reconnaissance de ses pairs (Ours d’or en 1992 et nommé aux Oscars). Le metteur en scène va ensuite s’attaquer de nouveau à un western en relatant le périple de la famille Earp sillonnant les Etats-Unis. L’intrigue de « Wyatt Earp » se base sur l’histoire vraie des frères Earp à travers les contrés de l’Illinois, de Dodge City puis de Tombstone. Tristement célèbre, les aventures de Wyatt sont intimement liées à la légende du Far West. Tombstone, OK Corral ou la chasse aux bisons évoquent à bien des égards la vie du grand Ouest. Le scénario est ainsi très bien écrit et se permet de divulguer quelques zones d’ombre de la vie des Earp. A l’écriture donc, Lawrence Kasdan bien évidemment (!) et Dan Gordon, futur scénariste de « Hurricane Carter ». Ce duo nous a ainsi concocté quelques surprises. Fichtre ! A cela s’ajoute une ambiance lyrique bienvenue grâce à une photographie majestueuse, une bande-son envoûtante (qui m’a fait frissonner !!) et des enchaînements de situations qui ne m’ont laissé aucun répit. De plus, la mise en scène, ultra-classique mais dont Kasdan a le grand secret, nous emporte au gré des chevauchées et des duels brillamment mis en avant par Monsieur le réalisateur. A la photo, Owen Roizmann fut justement nommé dans sa catégorie pour le travail esthétique impeccable qu’il a apporté. Super !! Découvert par Friedkin (« French connection »), il tournera pour Lumet, Pollack, Sonnenfeld… . Rien que ça !!! Aux commandes de la musique, c’est Monsieur James Newton Howard qui fait parler les instruments à cordes. Bien avant ses succès (« Pretty woman », « L’expérience interdite », « Sixième sens »…), il a été musicien pour Elton John. Bigre ! Et pour couronner le tout, une bande de tueurs tous plus froids et glaciaux les uns que les autres. Autant du côté des Earp que du clan des cowboys, les armes sont dégainées pour ne voir en sortir que la poudre. Costner (Wyatt, bien sûr !), Quaid (Doc Holliday, c’est lui !), Hackman (le père de la fratrie), Madsen, Caviezel, Jeff Fahey, Pullman, Adam Baldwin, Tea Leoni, Sizemore, Harmon, Isabella Rossellini… complètent le très beau tableau de chasse du metteur en scène. Pour conclure, « Wyatt Earp »(1994), est pour moi un bijou du western et un film de légende dégainé par le réalisateur culte de « La fièvre au corps ». Chargeons nos fusils ! Spectateurs, quand Kasdan est là, l’ombre de Doc Holliday plâne… !! A noter : ce métrage est artistiquement meilleur que sa copie « Tombstone », néanmoins très bon.