À l'image de Watchmen, ce Justice League est une vision mature des superhéros, et qui ne rechigne pas devant la violence implicite aux aventures de ces personnages. D'ailleurs, l'influence des comics et jeux-vidéo Injustice se fait bien ressentir vis-à-vis du ton, des costumes, et des lignes narratives présentées ici. Le film est monumental : 4h pour cette œuvre (certainement prévue en 2 longs-métrages à la base) et où on sent que Zack a profité de cette dernière chance pour caser absolument tout ce qu'il pouvait.
Visuellement, aucune crainte à avoir pour ce projet ressuscité par le studio. Tous les effets spéciaux et le montage sont pleinement terminés et même bluffants ! Snyder opte pour un format 4:3 qui aurait fait des merveilles en IMAX ; sur l'écran du salon, on finit par s'y faire. Sa réalisation est ce qu'il se fait de mieux pour coller au style superhéroique, et on sent que chaque scène est approchée avec sérieux et cohérence par rapport à la dramaturgie globale. D'ailleurs, on peut lui reprocher d'exagérer un peu sur les ralentis sur la première heure ; un gimmick qui se came heureusement par la suite. Les scènes d'action sont, sans surprise, épiques et lisibles - de vrais grands moments de cinéma qui rendent justice aux héros de DC. On note, également, la tout nouvelle bande-son de Tom Holkenborg qui s'est surpassé pour réinventer les thèmes des personnages tout en gardant la patte sonore introduite dans Man Of Steel. On a le droit à des cordes dramatiques, des percussions explosives, et des mélodies triomphales ; un travail d'exception.
Côté histoire, Snyder réintroduit Darkseid en tant que grand antagoniste, et donc tous les changements qui en découlent, et profite des 4h allouées pour étayer les backstories et relations entre les personnages. On se rend alors compte de la richesse de l'univers introduit en partie via ce film, ce qui ne donne que plus envie encore de voir les suites se réaliser. Si Cyborg y gagne clairement au change, c'est la mission de toute l'équipe qui est mieux mise en scène, sans se farcir des blagues potaches toutes les 10 minutes. Seul bémol, pour ma part, le caractère autistique donné à Barry Allen/Flash qui dénote et ne rend pas service au héros. Steppenwolf, l’antagoniste du film, et messager de Darkseid, a eu le droit a un design bien plus menaçant mais aussi une meilleure mise en lumière de ses motivations, à tel point qu'on finirait presque par avoir de l'empathie pour lui ; c'est fort !
En somme, cette vision de Justice League est entre le grand spectacle et le film d'auteur. Une épopée superhéroique jouissive qui aurait clairement pu concurrencer le Infinity War de Marvel en terme qualitatif. On ne peut que reproches aux studios WB leur attitude lâche et vénale face à une œuvre aussi décisive.