J'ai changé d'avis. Quand j'ai vu ce film à sa sortie j'ai été grandement déçu. C'était resté pour moi un presque mauvais film, un peu décousu, peu attachant, dont l'humour est foireux.
Je me souviens qu'à l'époque j'ai alors voulu savoir ce que le reste du monde en pensait. après moultes pages web j'ai pu constater que soit on aime pas (60%) soit aime mais après un second visionnage (38%) soit on adore du premier coup (2%)
Je ne m'attarderai pas sur les 2%...
Ces statistiques m'ont donné envie de le revoir un jour, mais un jour lointain, et ce jour a sonné ce soir (hier déjà j'hésitais mais j'optai finalement pour le fameux Congo). En fait ayant en tête que je ne l'aimais pas et que 'ce ne serait pas un Wes Anderson comme je les aime' j'ai pu ouvrir ma sensibilité à cette œuvre, et ainsi pu rediriger mes goûts vers une saveur supérieure et une richesse insoupçonnée (vlati-pa que j'te cauz' com' é poèt').
Wes Anderson nous délivre là un Road Movie très efficace et probablement son film le plus personnel. Ses mouvements de caméra continuent de s'améliorer, son découpage est toujours plus abouti(je pense notamment aux scènes dans le wagon principal ainsi que dans le garage) une musique toujours aussi alléchante et dansante, des acteurs épatants (y a pas à dire Schwartzman ne joue vraiment bien que quand il est dirigé par son pote Wes), la photographie superbe(pour une fois que le fond n'est pas fermé, ça change)
Mais pourquoi n'ai-je pas vogué vers le septième ciel dès la première fois, si ce film est si magnifique?
Je pense que c'est à cause du 'ce ne serait pas un Wes Anderson comme je les aime' . Car je suis allé le voir au cinéma (pour mon anniversaire en plus ) en pensant que ce serait un bon Wes Anderson. Mais en fait, malgré une esthétique (des pano' à gogo) et un thème (amitié, famille) semblables à ses thèmes habituels, Wes nous présente ici quelque chose de différent. La façon dont il traite le sujet est différent. je ne sais pas exactement pourquoi. Peut-être parce qu'il s'agit d'un huit clos? qu'on a constamment ces 3 frères ensemble tout au long du film? Même l'humour est différent. Les gags Andersonniens sont toujours présents, mais au second plan. ainsi on peut rire des situations comme d'habitude, mais la trame principale est beaucoup plus lourde. "plus lourde qu'une famille de génies déchus?") bon d'accord le thème en soi, le deuil, n'est peut-être pas son plus triste. mais je ne sais pas il y a quelque chose de beaucoup plus dramatique dans ce film que dans tous ses autres. peut-être parce que pour une fois on est dans l'après. dans ses autres films, les héros peuvent encore se battre pour gagner un amour paternelle, se remettre ensemble, ici le père est le père , une sorte de "Royal Tenenbaum" peut être, est déjà parti, il ne reste plus aux enfants que de se reconstruire ensemble et seul (même la mère ne prend pas part à cela). il s'agit là d'une intimité toute particulière que Wes nous propose. Dans "Bottle Rocket", Luke Wilson flirtait avec cette fille. Ici, les flirts de Jason Shwartzman ne mènent à rien. Les frères ne trouvent aucune aide extérieure.
Bon tout ça, on est bien d'accord, c'est de la branlette intellectuelle qui sert à rien. au final on aime ou on aime pas. Mais bon, c'est plaisant parfois d'essayer de trouver une réponse ou une raison, même si un autre gars nous démontrera qu'on est complètement à côté de la plaque!
Bref je recommande aux 50% de revoir ce film en sachant que ce n'est pas un Wes Anderson, mais un petit écart (car même dans les aventures de "Mister Fox", Wes revient à sa vieille recette)
A la vôtre
Bonus : http://image.noelshack.com/fichiers/2015/03/1421139258-the-darjeeling-limited.jpg