Ce premier long-métrage de Stefano Sollima,le fils de Sergio,relate le quotidien chaotique des membres d'une unité de gardes mobiles romains borderline.La réalisation est pêchue et sophistiquée,le cinéaste maîtrisant des plans recherchés,mais le scénario signé Daniele Cesarano,Barbara Petronio et Leonardo Valentini,qui adaptent un livre de Carlo Bonini,manque d'un point de vue.On ne sait pas trop où veulent en venir les auteurs,ni ce qu'ils pensent de la situation de l'Italie contemporaine ou de leurs personnages.Il est vrai qu'il s'agit d'un contexte complexe difficile à cerner,mais à quoi bon traiter du sujet si on ne se mouille pas un peu?Ce qui ressort du film est que ces policiers se trouvent coincés entre le marteau et l'enclume,position inconfortable s'il en est."ACAB",c'est l'acronyme de "All cops are bastards",soit dans la langue de Molière "Tous les flics sont des salopards".Mais plus que cette profession de foi,la vérité réside surtout dans ce leitmotiv bien connu chez nous,"Tout le monde déteste la police".Ce corps de métier est effectivement destiné à être haï dans cet Occident dégénéré où nous survivons péniblement,et ce pour la bonne raison qu'il s'agit de l'interface entre l'oligarchie prédatrice et le peuple,le rempart qui protège,selon les ordres du moment,la racaille d'en haut et celle d'en-bas,afin que se poursuive l'entreprise de démolition des états-nations programmée par les mondialistes.Alors la police est là au milieu à emmerder les paisibles citoyens,que ce soit au bord des routes ou dans les manifs de gilets jaunes,ou à persécuter les gens en temps de pseudo épidémie.Du coup,les classes moyennes ne l'aiment pas,d'autant qu'elle n'est jamais là quand on aurait besoin d'elle.Parallèlement,la Gauche,le sous-prolétariat et les criminels la détestent aussi,parce qu'elle est bien obligée d'intervenir quand c'est trop le bordel.Quant aux autorités,ils l'utilisent tout en la méprisant,n'ayant aucune considération pour ces sbires corvéables à merci qu'on lâche vite fait à la moindre bavure et dont la vie est sans importance.En somme,il faut être fou,ou complètement con,pour choisir cette carrière.Et si on n'est pas fou au départ on finit par le devenir car cette existence est intenable.C'est ce que démontre le film,qui met en scène cinq gars bien démolis mentalement par ce boulot de chien.Les manifestants les insultent,les provoquent et leur crachent dessus,les excités d'ultra-droite ou d'ultra-gauche et les supporters de foot les agressent carrément,leur hiérarchie leur tombe dessus dès qu'ils emploient la force de manière excessive,les expulsés font de la résistance ou les supplient et leurs femmes les quittent.Ce tableau édifiant qui n'est pas propre à l'Italie mais peut s'appliquer à tout le Monde occidental,a ceci de grave qu'aucune solution n'est en vue.Personne ne semble vouloir freiner l'immigration massive,personne n'a l'intention de durcir les lois,ni même de seulement appliquer celles qui existent,et les sociétés s'enfoncent inexorablement dans un marasme qui s'étend de jour en jour,continuant à ajouter de la misère à la misère dans des pays où il n'y a plus ni pognon,ni boulot,ni logements en quantité suffisante pour que tous puissent vivre décemment.Les flics sont donc devenus à la fois les éboueurs d'une société en perdition et la milice privée d'une hyper classe déconnectée des contingences matérielles.C'est par conséquent compliqué pour Cobra,le mâle alpha du groupe,brutal et rusé,Mazinga,l'ancien en délicatesse avec son fils militant néo-nazi,Negro,le dépressif largué par sa femme,Carletto,l'excité qui à force de déconner s'est fait virer,et le petit nouveau Adriano,issu de la classe populaire et hésitant face aux méthodes musclées de ses collègues,dont on sent dès le début qu'il va se transformer en traître.Même les skinheads,dont ils sont proches politiquement,les combattent car,éthique professionnelle oblige,ils doivent aussi en découdre avec eux.La distribution comprend des acteurs italiens excellents mais inconnus en-dehors de leurs frontières,ou de ce qu'il en reste,à l'exception de Pierfrancesco Favino qui mène une carrière internationale,on l'a notamment vu dans "World War Z","Rush" ou "Le comte de Monte-Cristo".Ici,il est puissant et saisissant en leader violent toujours à la limite de l'explosion.Marco Giallini est le vétéran qui commence à fatiguer,Filippo Nigro joue le type miné par ses problèmes conjugaux et paternels,Andrea Sartoretti est l'ex flic incontrôlable et Domenico Diele le jeune qui se demande où il a mis les pieds.