Le cinéma est doublement un art de la lumière. Il sculpte l’image, le mouvement et le rythme. Et il crée des personnages pour incarner, souligner, concrétiser des idées, des caractères. Avec A Forgotten Man, quatrième film du Suisse Laurent Nègre, cette lumière se fait historique, en une forme limpide et sublime.


Heinrich Zwygart (Michael Neuenschwander), ambassadeur suisse auprès de l’Allemagne, quitte ses fonctions après la chute d’Hitler. De retour auprès de sa famille, il ambitionne un siège au Conseil fédéral. Mais pour cela, il devra prendre la responsabilité de ses choix passés et affronter ses propres démons.


La fiction historique, souvent bien plus que le documentaire, a l’avantage de montrer l’importance de la narration pour nous relater les faits. Pourtant, on reproche au genre de parfois tordre l’Histoire, la forcer à rentrer dans les impératifs du récit, et donc, de la trahir. Il est normal de s’insurger contre la trahison de la vérité à une époque où l’homme qui fut un temps le plus puissant au monde invente le concept de «vérité alternative». Il est toutefois nécessaire de prendre en compte dans nos calculs l’importance que revêt aujourd’hui l’art du storytelling. Alors que les écrans se sont multipliés et que nous avons accès à l’information d’un seul geste du pouce, l’enjeu est de savoir intéresser le public. Avec A Forgotten Man, le réalisateur helvétique Laurent Nègre l’a bien compris: il a rendu son récit passionnant et sa réalisation charmante.


Le film se présente comme un thriller politique en empruntant parfois au récit historique, parfois au film d’enquête, afin de dynamiser l’histoire qu’il nous raconte. Il adopte la plupart du temps le point de vue de Heinrich Zwygart, sans jamais chercher à mettre tout à fait en lumière la nature de ses actes. Mais surtout, le personnage incarne souvent les choix de la Suisse quant à sa position durant la guerre. Les choix discutables d’Heinrich deviennent ceux d’un pays qui décide de rester neutre lorsque ses voisins commettent les pires des atrocités. L’homme oublié, c’est aussi une part sombre de l’histoire suisse gardée dans l’ombre.


La suite ici : https://leregardlibre.com/cinema/films/a-forgotten-man-la-neutralite-sous-tension/




LeCactus
7
Écrit par

Créée

le 19 mai 2023

Critique lue 16 fois

LeCactus

Écrit par

Critique lue 16 fois

D'autres avis sur A Forgotten Man

A Forgotten Man
Mr_Wilkes
7

Jours troubles

Pan sombre d'une histoire qu'on a souvent voulu cacher sous le tapis, A Forgotten Man s'emploie à mettre en lumière la vie d'Heinrich Zwygart. Ambassadeur suisse auprès de l'Allemagne nazie, on y...

le 12 nov. 2022

Du même critique

Hunger Games : La Révolte, partie 1
LeCactus
4

Les débuts du commencement de l'introduction de l'aberrante révolte

Cette critique n'est pas une critique. Il s'agit plutôt d'une retranscription fantaisiste de ce nouveau chapitre de Hunger Games. Alors je vous le dit tout net : si vous cherchez de la critique...

le 15 nov. 2014

129 j'aime

38

Hunger Games - L'Embrasement
LeCactus
2

Les absurdes aventures de la pathétique femme à l'arc

Il était une fois, Katniss et son meilleur ami dans la forêt. - Vise bien Katniss ! T'as encore rien attrapé depuis ce matin ! Si seulement tu tirais aussi bien sur les animaux que sur les humains,...

le 6 déc. 2013

84 j'aime

28

In the Mood for Love
LeCactus
5

creuser un trou dans un arbre pour y murmurer ma critique

Je découvre Wong Kar Wai avec ce film. Sa méthode de travail particulière m'a intrigué : l'homme tourne des scènes, au hasard paraît-il, puis les complètent par la suite pour en faire un film. Une...

le 13 janv. 2014

54 j'aime

2