Comment faire une excellente série B avec de gros moyens ? Prenez un sujet d’actualité « l’apocalypse nucléaire », par exemple. Concentrez le drame sur un espace-temps réduit : « ici dix-huit minutes ». Expliquez la complexité de la situation qui doit mener à une décision dont les conséquences se chiffreront en millions de victimes. Pour être certain.e que tout le monde a bien compris, répétez le film trois fois en variant les points de vue. Et voilà, le tout est joué ! Mais voilà, il se trouve que Kathryn Bigelow connait son métier et sait comment on fait monter une mayonnaise. On reste donc scotché à son canapé trois fois dix-huit minutes en laissant refroidir la pizza. L’aspect documentaire du monde militaire est un domaine où la réalisatrice est dans sa zone de confort. Tout est réaliste, documenté, crédible. On découvre que les meilleures technologies ont des ratés, comme dans la vraie vie. Ensuite vient la couche psychologique et là ça perd de sa force de percussion. Les aspects vie et problème personnels face aux dilemmes professionnels alors qu’un missile arrive au-dessus de votre tête sont des aspects archi rebattus par les séries B. enfin, il y a les décideurs politiques, pas au niveau, comme souvent. Meilleurs pour animer un show que pour prendre des décisions critiques. Comme le dit un des personnages : « soit on capitule, soit on se suicide ». On passe donc une bonne soirée télé et il ne faut pas en demander davantage.