Guillaume Brac a débarqué comme un fleur dans le paysage du cinéma français avec plusieurs courts et surtout un moyen-métrage, Un monde sans femmes, d'une grande fraîcheur et d'une gracieuse spontanéité. Moins sophistiqué que Mouret, moins cérébral que Rohmer, mais en prise avec l'air du temps, léger et grave à la fois. Confirmation de la qualité du cinéaste avec ce conte d'été qu'est A l'abordage, qui ne marquera pas comme l'un des films de l'année mais comme l'un de ces ceux où, l'espace d'une scène, une peu de magie aura opéré sur l'écran. La grande force de Brac reste dans son côté presque dégingandé et nonchalant en saisissant au vol des personnages, jeunes pour la majorité d'entre eux et de les confronter aux petits aléas de la vie, peines de cœur comprises, sans pour autant dramatiser et en usant à leur rencontre d'une ironie globalement bienveillante, ce qui n'empêche pas de rire de leurs travers, voire de leur inconséquence. A l'abordage n'est pas un film choral mais il a cette capacité à s'intéresser tour à tour à ses différents protagonistes sans pour autant s'éparpiller et en se tenant à un ton de comédie douce mais pas complètement inoffensive. On aimerait parfois secouer un peu la mise en scène et que les chevaux s'emballent davantage. Mais ce n'est pas dans la nature de ce réalisateur qui n'a pas la prétention de révolutionner le cinéma français. Son style est serein et les histoires qu'il raconte, pour être quelque peu volatiles, n'en ont pas moins une séduction immédiate. Comme ces moments d'été, passés au cœur de la Drôme, qui laissent des souvenirs périssables mais précieux dans leur instantanéité.

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le 10 juin 2020

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