Le général Korzacouille et le docteur Speed règne d'une main morbide sur la ville de Nécrocity. Comment règnent-ils? En semant la terreur et la violence, bien évidemment. Et qui sont les premières victimes de cet exercice du pouvoir? Eh bien les femmes, bien évidemment.
Ceci est la critique d'un ignorant ne connaissant rien de Pierre Clementi. J'ai regardé ce film car il m'a été présenté comme un pilier du cinéma underground parisien des années 80... Fait notable: le film aurait été présenté en avant-première au musée d'Art Moderne de la Ville de Paris en octobre 1980. Drôle d'underground quand même.
Le personnage-clé de l'histoire est Hassan, un immigré présenté comme un "bougnoule sexuel" et élu assassin du gang par le général Korzacouille dès la 3ème minute du film. Alors que sa copine Seringue se fait tranquillement agressé dans une voiture place de la bastille par Dog Le Crapeau et la chauve-souris (les plus grandes fripouilles au service gang) Hassan vient à son secours. Mais Hassan n'est pas un sauveur, détrompez-vous. Ici personne ne sauve personne. Tout le monde est condamné.
Après s'être fait largué par Seringue, Hassan débute sa carrière de meurtrier en tuant trois femmes. De l'étranglement d'une milf en quête de tendresse jusqu'au coup de couteau dans les parties génitales d'une prostituée, nous suivons notre héros pendant près d'une heure sans trop savoir s'il ne fait qu'obéir aux ordres de Korzacouille ou à ses propres pulsions meurtrières. Et peu importe. Les faits s'accumulent dans l'impunité la plus totale jusqu'au moment où le général Korzacouille annonce vouloir arrêter Hassan. Un retournement de veste stratégique sans doute... Pour garder le pouvoir, le général Korzacouille et le capitaine Speed orchestre un semblant de justice et exécutent leur propre assassin.
S'ensuit alors un épilogue intitulé "Les Rescapés de l'An 2001", saveur science-fiction, ou le Docteur Speed (réincarnation d'Hassan le Bougnoule Sexuel) tue les junkies rescapés de l'ère du général Korzacouille, maintenant appelés mutants, à coup de doses lethal... Vengeance? Cercle vicieux..? Tout ceci à l'ombre de la canaille bleue.
Alors qu'en penser? Qu'ai-je ressenti? Principalement un sentiment de malaise hypnotisant. Regarder ce film, c'est observer des hommes en mal de pouvoir dans un monde ou la torpeur suscitée par la drogue a emprisonné ceux qui rêvaient d'émancipation dans une réalité morbide. En dépit de ses thèmes proprement toxique, et typique des années 70-80 (coucou William S. Burroughs), la narration de Pierre Clementi fascine. À mi-chemin entre le roman-photo et le conte, la bande-son nous prend par la main et ne nous lâche pas. Comme si l'histoire n'était qu'un prétexte à la production d'images et de sons capables de retranscrire un mal-être de la fin des années 70. Une double exposition veste en cuir et seringue d'héroine ou le sang ne sait plus qui tacher.