A Second Chance
6.5
A Second Chance

Film de Susanne Bier (2015)

On ne va pas se mentir, le fait de voir Nikolaj Coster-Waldau en tête d'affiche dans un thriller danois, cela pique ma curiosité. L'acteur révélé par Game of Thrones dans le rôle de Jaime Lannister, ne servait que de faire-valoir dans des productions américaines pas vraiment inoubliables : Mama, Oblivion et Triple Alliance. Il trouve un rôle à la hauteur de son talent, en retournant dans son pays d'origine. Un retour aux sources réussi pour lui, même si le film ne restera pas dans les annales.


Andreas (Nikolaj Coster-Waldau) est un inspecteur de police faisant équipe avec Simon (Ulrich Thomsen). Ils vont découvrir un nouveau-né vivant dans des conditions inhumaines, avec ses parents Sanne (Lykke May Andersen), une prostituée et Tristan (Nicolaj Lie Kaas), un homme violent qui vient de sortir de prison. Il ne peut s’empêcher de s'impliquer dans cette enquête, car il est lui-même le jeune père du petit Alexandre, qu'il a eu avec sa femme Anna (Maria Bonnevie). Mais leur bébé va décéder et Andreas va échanger son enfant avec celui de ce couple malsain.


Une idée intéressante, mais une exécution laborieuse. Le choix d'Andreas est-il immoral où pas ? Tout le film tourne autour de sa décision d'échanger son bébé mort, avec celui maltraité par son père, devant une mère impuissante. Il a fait cela dans l'émotion et face à la menace de sa femme de mettre fin à ses jours, si Alexandre est toujours mort à son réveil. Le chantage affectif, alors qu'il vient de perdre son enfant, va fausser son jugement et le pousser à agir de manière inconsidérée. On ne peut pas lui en vouloir, tant on s'est senti mal à l'aise à la vue de ce bébé recouvert de ses propres excréments. Mais a-t'il le droit de retirer cet enfant à ses parents ? Malheureusement, non.
Son choix va avoir des conséquences inattendues sur sa vie et celle des parents, découvrant que leur bébé est mort. Mais il y a ce manque de subtilité, qui rend le film prévisible. Maria Bonnevie est folle, cela ne fait aucun doute. Son regard est en permanence écarquillé, cela ne tourne pas rond dans sa tête. Nikolaj Coster-Waldau ne s'en rend pas compte. Il faut dire que l'amour rend aveugle, puis quand tes nuits sont courtes, ton cerveau tourne au ralenti. Mais pas seulement, il y a aussi le côté invraisemblable. On peut accepter l'acte et ses motivations, moins ce qui va s'ensuivre.


Un thriller psychologique. La direction que prend l'histoire, suscite un peu l'intérêt. Elle est malheureusement noyée par de nombreux plans de visages et regard pour nous faire ressentir la douleur des personnages. Mais on est jamais convaincu, il y a trop de raccourcis, de facilités et d'incohérences. On ne croit jamais à cette histoire et on se dit que c'est un beau gâchis. C'est frustrant de voir un film se perdre à ce point, en cours de route. Il y a bien un twist pour réveiller le spectateur, mais comme on s'y attend, on ne ressent qu'un léger frisson. Il est surement dû aux personnes quittant la salle, ça fait un peu courant d'air, mais cela situe aussi un peu l'oeuvre.
Nikolaj Coster-Waldau s'en sort bien. Il est omniprésent, au contraire de ses partenaires coincés dans des rôles manquant de relief. Ulrich Thomsen en homme divorcé, se perdant dans l'alcool, semble avoir la capacité de lui tenir tête. Cela ne sera qu'un faire valoir, permettant surtout de conclure l'histoire en un clin d’œil. Cela tourne à vide, les réactions et agissements, n'ont pas de sens. Ce n'est même pas fascinant visuellement. Il y a une absence d'atmosphère et de tension. Elle est parfois palpable, mais cela retombe aussitôt. Les émotions sont furtives et ne collent pas au corps. Pourtant, on est un peu secoué. Mais cela reste éphémère, c'est juste un effet de style.


La film a pour seul mérite, de démontrer que Nikolaj Coster-Waldau n'est pas seulement un acteur de Game of Thrones, même si le rôle va lui coller à la peau pour longtemps. Dommage que les promesses entrevues au début de l'histoire, ne soient pas tenues. Il y avait du potentiel, mais au final, on n'en sort déçu et on l'oubliera vite.

easy2fly
4
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le 16 janv. 2016

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Laurent Doe

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