J’ai découvert "A Short Love Affair" (1990) du cinéaste sud-coréen Jang Sun-woo grâce aux Éditions Carlotta, dont il faut saluer la qualité du travail (en particulier sur des films asiatiques qui me tiennent à cœur) depuis de nombreuses années.
Le film dépeint le destin difficile de Bae Il-do, séducteur invétéré, qui vit avec une femme lui reprochant chaque jour de rentrer tard et de ne pas rapporter d’argent, et celui de Min Gong-nye, mariée à un homme violent. Tous deux se rencontrent dans un atelier de couture où ils travaillent sans relâche jusqu’à la nuit tombée. Lorsqu’une employée plus âgée reçoit son enveloppe mensuelle, elle s’exclame : « C’est un salaire, ça ? »
Jang Sun-woo décrit avec justesse l’extrême pauvreté dans laquelle évoluent ses personnages, dans une petite ville de la banlieue de Séoul. Bae Il-do et Min Gong-nye se séduisent, s’aiment, mais peinent à se comprendre. Dans une scène où ils se retrouvent dans un bar, une chanson de Madonna passe à la radio : « You just keep on pushing my love over the borderline. » Et c’est précisément là le problème qu’ils rencontrent.
Au-delà de son récit intime, "A Short Love Affair" dresse ainsi le portrait d'une nouvelle génération écrasée par la misère et les désillusions, tout en explorant la fragilité des sentiments face aux contraintes sociales. Un film dur et tendre à la fois, qui mérite pleinement d’être redécouvert aujourd’hui.